Au regard de leur impact économique, social et sociétal, les PME méritent une approche rigoureuse à partir de lignes de force clairement identifiées.
Depuis quelques années, le développement des PME africaines est devenu un sujet de premier plan et, aujourd’hui, il est au cœur des préoccupations avec la crise économique qui accompagne la pandémie de Covid-19. En effet, les PME constituent le cœur du tissu économique africain, représentant près de 90 % des entreprises et une très grande majorité des emplois. Parce qu’elles répondent à des besoins essentiels du quotidien comme ceux aussi divers que se loger, se nourrir ou encore se soigner, ces entreprises se positionnent en créatrices de solutions pour des problématiques sociales et sociétales.
Néanmoins, trop de projets stagnent ou échouent à cause d’un écosystème encore trop défavorable, péchant notamment dans l’accompagnement multidimensionnel des PME sur le long terme. Au-delà des déclarations d’intention, il est temps désormais de mettre en œuvre trois priorités pour faire des PME les moteurs d’une croissance plus inclusive.
Pour répondre aux besoins de financements des PME, il est important de prendre en compte la nature socio-économique des PME, dont une grande partie opère dans le secteur informel. Les banques traditionnelles, de par leur organisation, ne peuvent être des interlocuteurs adaptés pour ces entreprises, à l’inverse des systèmes financiers décentralisés (SFD) qui incluent les institutions de micro ou mésofinance. C’est pourquoi soutenir les SFD – qui représentent 15 millions de clients en zone Uemoa – dans le cadre des plans de relance économique fait sens pour relancer l’économie réelle.
En parallèle, les institutions financières doivent adapter leurs offres pour proposer des solutions de financements sur mesure aux besoins des entrepreneurs. Au-delà des crédits, d’autres dispositifs de financements peuvent être mis en place, tels que la location financière, l’affacturage, la vente à réméré ou encore le reverse factoring. En diversifiant les canaux de financements, les institutions financières multiplient les possibilités pour les entrepreneurs de créer les conditions de la croissance de leur entreprise.
Renforcer l’accompagnement des entrepreneurs
Si l’accès aux financements reste un problème majeur, un autre obstacle demeure très souvent : il faut avant tout que les PME en recherche de financements soient structurées avec un bon système organisationnel et des entrepreneurs dotés des capacités adéquates pour l’administrer convenablement. Sans cette première étape réussie de construction de dossiers de financement bancable, il est impossible d’envisager de voir son projet entrepreneurial pris au sérieux par des institutions financières.
L’accompagnement sur le volet technique est donc tout aussi important que celui sur le volet financier. La formation des entrepreneurs, la mise à disposition d’expertises et de conseils sur le plan comptable, RH, digital sont autant de points à ne pas négliger pour permettre à une PME de se projeter.
Encourager l’entrepreneuriat féminin
Selon une étude du cabinet Roland Berger, le continent africain possède le leadership mondial de l’entrepreneuriat féminin avec pas moins de 24 % d’entrepreneuses, contre 9 % au Moyen-Orient ou encore 6 % en Europe et en Asie centrale. Évidemment, ces chiffres sont à prendre avec prudence dans la mesure où, si certaines en font un choix de vie, d’autres n’y voient qu’une option de survie. Néanmoins, elles contribuent plus que jamais à l’essor économique du continent, tout en agissant dans un environnement plus défavorable aux femmes qu’aux hommes. En effet, les entreprises détenues par des femmes comptent en moyenne moins d’employés, engrangent moins de recettes et de bénéfices et ont une productivité plus faible.
Pour libérer cet immense potentiel trop peu exploité, il est nécessaire que les institutions publiques et les établissements financiers mettent en place des programmes dédiés, notamment sur l’aspect formation dans la mesure où les inégalités de formation et de qualification pénalisent encore trop les femmes.
D’après nos expériences communes auprès des PME africaines dans différents pays, ces trois axes sont essentiels pour permettre à notre écosystème entrepreneurial de pleinement s’épanouir et de contribuer à un développement économique toujours plus durable. Cela s’accompagne évidemment par des politiques publiques ambitieuses, notamment en termes de réglementation favorable aux PME et de mise en place de climats des affaires attractifs
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