Transhumance vers les pâtures d’altitude, gestion des naissances et de la reproduction… Toutes ces pratiques pastorales étaient déjà présentes il y a 6 000 ans, comme le montre une nouvelle étude. Des stratégies d’élevage qui ont permis aux populations du Néolithique de gérer habilement leurs ressources alimentaires.
Au sommaire
- Une gestion des pâtures ne nécessitant pas d’apport de fourrage
- Un contrôle sur la reproduction et les naissances
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Le Néolithique a été marqué par un tournant majeur dans le mode de vie d’Homo sapiens. Auparavant chasseur-cueilleur et nomade, il se sédentarise en effet et commence à modifier son environnement proche pour faire pousser certaines plantes nutritives qui vont être sélectionnées. C’est le début de l’agriculture, qui s’accompagne également des prémices de l’élevage. La domestication d’animaux présentant un intérêt alimentaire apparaît ainsi il y a environ 10 000 ans. Cette évolution dans la gestion des ressources alimentaires va complètement modifier l’organisation sociale des peuples du Néolithique et poser les fondements de notre société actuelle.
Une gestion des pâtures ne nécessitant pas d’apport de fourrage
Le développement des techniques d’élevage a joué un rôle particulièrement important, en assurant un apport régulier en protéines et graisse, tout au long de l’année. Une nouvelle étude révèle d’ailleurs que certaines pratiques pastorales étaient déjà existantes il y a 6 000 ans.
L’analyse biomoléculaire de restes d’animaux retrouvés en Espagne révèle ainsi l’existence de stratégies de gestions des troupeaux de bovins durant le Néolithique moyen dans cette région. Dans la grotte de Pixarelles ont en effet été retrouvés de très nombreux ossements de bœuf domestique, datant de -3942 à -3632 avant notre ère. L’analyse des isotopes du carbone et de l’azote dans ces ossements a montré que ces bovins se nourrissaient principalement dans des pâtures de basse et de moyenne altitude. Les animaux ne semblent pas avoir bénéficié d’un complément comme du fourrage, ou avoir souffert d’une exploitation trop intensive des terres. Les zones de pâtures semblent donc avoir été réfléchies pour éviter toute carence au cours de l’année.
L’analyse de la composition isotopique des ossements de bovins a permis de révéler les stratégies pastorales d’il y a 6 000 ans. © Alcàntara Fors et al. 2025, Plos One
La main de l’Homme est également bien visible en ce qui concerne la reproduction. Les naissances semblent en effet avoir été synchronisées avec le mouvement vers les pâtures d’été, ce qui aurait justement permis d’éliminer le besoin d’un apport de nourriture durant l’hiver. Cette stratégie aurait également permis de maximiser la production de lait à des moments clés de l’année.
Les données, publiées dans la revue PLOS ONE, mettent en évidence la complexité des stratégies de gestion des troupeaux à cette époque et les capacités d’adaptation de ces communautés néolithiques.
Par FUTURA
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