Arrivée en orbite autour de Jupiter le alors que les États-Unis étaient encore un grand pays, la sonde Juno est toujours en mesure de faire des découvertes dans le fascinant système jupitérien avec ses lunes galiléennes, comme Io et Europe. La Nasa vient justement de faire savoir qu’en décembre 2024, lors d’un survol de Io, les instruments de la sonde avaient surpris une activité éruptive concentrée à la surface de cette lune volcanique, dont la puissance atteignait un niveau encore jamais mesuré !
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- Des points chauds en éruption sur Io découverts par Jiram
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Les planétologues utilisent ainsi les instruments de la mission Juno de la Nasa pour surveiller l’activité volcanique dantesque d’Io, le grand satellite de Jupiter et aussi le plus proche des quatre lunes médicéennes (baptisées ainsi par leur découvreur, Galilée, en l’honneur du Duc de Médicis et de ses trois frères). Juno ne fait d’ailleurs que reprendre le flambeau des missions Voyager et Galileo qui, elles aussi, avaient livré des découvertes étonnantes à leur sujet et notamment avec Io.
Brian Cox nous parle de Io et du lac de lave de la caldeira du volcan Loki, dont le diamètre dépasse les 200 kilomètres. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © BBC Earth
Les planétologues savent que les variations du champ de gravitation – subies par Io lors de l’accomplissement de chacune de ses orbites elliptiques périodiques de 42,5 heures – malaxent la lune, y créant une libération de chaleur à partir de l’énergie gravitationnelle des forces de marée.
La Nasa a fait savoir via Twitter que des images d’un récent survol de la lune turbulente de Jupiter avait permis à l’instrument Jovian Infrared Auroral Mapper (Jiram) de Juno, fourni par l’Agence spatiale italienne, de surprendre une nouvelle manifestation spectaculaire de ce paradis pour passionnés des volcans du Système solaire. Dans le communiqué de la Nasa, le chercheur principal de la mission Juno, Scott Bolton du Southwest Research Institute de San Antonio, révèle donc que « Juno a survolé Io, à deux reprises, de très près au cours de la mission prolongée. Et bien que chaque survol ait fourni des données sur la lune tourmentée qui ont dépassé nos attentes, les données de ce dernier survol, plus lointain, nous ont vraiment époustouflés. Il s’agit de l’événement volcanique le plus puissant jamais enregistré sur le monde le plus volcanique de notre Système solaire, ce qui n’est pas peu dire ».
Juno avait déjà survolé Io de près en décembre 2023 et février 2024, s’approchant à environ 1 500 kilomètres de sa surface. Le dernier survol a eu lieu le 27 décembre 2024, amenant la sonde à environ 74 400 kilomètres de la lune. C’est alors que « Jiram a détecté un événement de rayonnement infrarouge extrême – un point chaud massif – dans l’hémisphère sud d’Io, si fort qu’il a saturé notre détecteur », explique toujours dans le communiqué de la Nasa Alessandro Mura, co-chercheur de Juno à l’Institut national d’astrophysique de Rome. Il poursuit en déclarant, « cependant, nous avons la preuve que ce que nous avons détecté est en fait quelques points chauds rapprochés qui ont émis en même temps, suggérant un vaste système de chambres magmatiques souterraines. Les données soutiennent qu’il s’agit de l’éruption volcanique la plus intense jamais enregistrée sur Io ».
Ce n’est pas si étonnant, la surface de Io compte plus de 400 volcans actifs, dont plus de 70 ont été découverts par Rosaly Lopes, en tant que membre de la mission Galileo autour de Jupiter et responsable de 1996 à 2001 des observations en infrarouge de Io. Elle avait rejoint ensuite la mission Cassini pour étudier en particulier la géologie et l’habitabilité potentielle de Titan. On lui doit plusieurs livres sur les volcans, dont un préfacé par Arthur Clarke.
Le saviez-vous ?
Rappelons que c’est très peu de temps avant l’arrivée d’une des sondes Voyager aux abords des lunes de Jupiter que les planétologues Stan Peale, Patrick Cassen et R. T. Reynolds avaient publié, en 1979 dans Science, un article où ils affirmaient qu’en raison des forces de marée résultant de l’influence de Jupiter, Ganymède et Europe, beaucoup de chaleur devait être produite à l’intérieur de Io.
Cette chaleur provenant de la dissipation de l’énergie mise en jeu dans les déformations de la lune de Jupiter, elle devait engendrer un volcanisme important. De fait, quelques jours après cette publication, en mars 1979, Linda Morabito, alors ingénieur de navigation dans l’équipe de la mission Voyager 1, remarqua un curieux détail sur des photographies prises par la sonde. Tenace, elle décida de s’y intéresser de plus près, de sorte que grâce à son travail, il est plus tard apparu comme la manifestation d’un panache volcanique soufré de 300 kilomètres de hauteur.
Rappelons également que l’on a déjà repéré plus de 150 volcans actifs sur Io et, selon ce décompte, on peut estimer qu’il en existe au moins 400. Ainsi, Rosaly Lopes, célèbre planétologue et volcanologue de la Nasa à qui l’on doit plusieurs livres sur les volcans, dont un préfacé par Arthur Clarke lui-même, a découvert 71 volcans actifs, de 1996 à 2001 lors de la mission Galileo.
Techniquement Io, Europe et Ganymède sont dans une configuration orbitale connue sous le nom de résonance de Laplace du nom de l’astronome et mathématicien français qui l’a découvert. Cela signifie que pour chaque orbite de Ganymède (la plus éloignée des trois de Jupiter), Europe accomplit exactement deux orbites et Io en accomplit exactement quatre. Dans cette configuration, les lunes s’attirent gravitationnellement de telle manière qu’elles sont forcées de suivre des orbites elliptiques plutôt que rondes. De telles orbites permettent à la gravité de Jupiter de réchauffer l’intérieur des lunes, provoquant le volcanisme d’Io et chauffant également l’océan liquide sous la banquise de glace d’Europe.
Selon la Nasa, l’éruption observée le 27 décembre 2024 s’est produite sur une région plus grande que le lac Supérieur en Amérique du Nord et d’environ 100 000 kilomètres carrés, libérant une énergie totale six fois supérieure à celle de toutes les centrales électriques du monde, pour être précis d’une puissance bien au-dessus de 80 000 milliards de watts ! Le précédent détenteur du record était Loki Patera d’Io, un lac de lave d’environ 20 000 kilomètres carrés.
Par FUTURA
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