La pratique du cyclisme, régulière et intensive, favorise-t-elle le développement du cancer de la prostate ? Quelques études suggèrent un risque accru. Pourtant, le lien entre la pratique de ce sport et la maladie reste incertain, même s’il est avéré que le vélo, pratiqué assidument, puisse entraîner une inflammation de la prostate.
En annonçant souffrir d’une forme agressive de cancer de la prostate, le cycliste britannique Chris Roy, âgé de 48 ans et plusieurs fois médaillé olympique, lance un débat : pratiquer le vélo de façon intensive augmente-t-il les risques de développer la maladie ?
« Sir Chris, 48 ans, onze fois médaillé d’or olympique, a annoncé ce week-end qu’il lui restait deux à quatre ans à vivre en raison d’un cancer de la prostate en phase terminale », apprenait-on lundi 21 octobre sur le site du Dailymail. « Ses fans ont exprimé leur choc et leur tristesse. D’autres voulaient savoir pourquoi une personne relativement jeune, apparemment en forme et en bonne santé, pouvait être atteinte d’une maladie normalement associée aux hommes plus âgés », poursuit le quotidien britannique.
Car un travail publié en 2020 dans le Journal of Men’s Health et conduit par des chercheurs de la University College London, apporte une observation alarmante. Selon les auteurs, pratiqué de façon accrue (plus de 8 h 30 par semaine), le vélo semble bien associé à un risque plus élevé de cancer de la prostate.
La pratique régulière, intensive, du vélo peut-elle déclencher un cancer de la prostate ? © katyapulka, Shutterstock.com
Le lien entre cyclisme et cancer de la prostate reste incertain
Si les auteurs ne confirment pas le lien de cause à effet, ils distillent deux raisons qui pourraient expliquer le phénomène :
- les hommes qui font du sport sont peut-être plus soucieux de leur santé et de leur bien-être. Ainsi consultent-ils sans doute plus régulièrement leur médecin et sont-ils plus enclins à effectuer des contrôles réguliers ;
- différents travaux ont montré que le cyclisme augmente les niveaux de PSA. Or des niveaux élevés de cette protéine naturellement produite par la prostate peuvent être annonciateurs d’un cancer. « Mais une prostate inflammée par la friction contre la selle pourrait aussi expliquer cette élévation, explique sur son site le chirurgien urologue et andrologue Allan Lipsker. C’est pourquoi il est conseillé de s’abstenir de faire du vélo la semaine avant l’examen biologique du PSA pour éviter d’influencer les résultats (faux positif, ndlr). »
L’association entre le cyclisme et le cancer de la prostate serait donc spéculative.
Irritation et inflammation ne sont pas le signe d’un cancer
Même son de cloche du côté de la Fondation québécoise du cancer qui affirme sans hésitation que même de longues heures passées à vélo ne provoqueront pas le développement d’un cancer de la prostate. Elle précise néanmoins que chez certains cyclistes « assidus », « le vélo peut causer une irritation que l’on appelle prostatite. Un mauvais positionnement peut également provoquer cette inflammation ». Laquelle n’est pas le signe d’un futur cancer.
Pour éviter ce genre de désagrément, il est conseillé :
- d’adopter une bonne position afin d’éviter toute pression dans la région pelvienne ;
- de choisir une selle de vélo qualité et de bien l’ajuster ;
- si vous faites beaucoup de vélo en loisir, de porter un cuissard ajusté et rembourré à l’entre-jambes.
À noter : citons enfin une étude menée au début de cette année auprès de plus de 50 000 hommes. Celle-ci a révélé que ceux qui font régulièrement de l’exercice, y compris du vélo, ont un risque réduit de cancer de la prostate de 35 % par rapport à ceux qui n’en font pas.
Par FUTURA
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