La Russie a annoncé lever l’interdiction temporaire sur les exportations d’essence qu’elle avait mise en place mi-septembre face à la flambée des prix à la pompe. Si le gouvernement se félicite d’une baisse des prix de gros de l’essence au cours des deux derniers mois, la pression inflationniste se maintient dans le pays. Selon la banque centrale russe, la hausse des prix pourrait finir cette année entre 7,0 et 7,5 %.
Les analystes tablaient sur deux à six semaines de blocage. L’interdiction temporaire d’exportation d’essence en Russie aura finalement duré huit semaines. Vendredi, Moscou a levé cette interdiction qu’elle avait mise en place mi-septembre face à la flambée des prix à la pompe, sur fond de retour de l’inflation dans le pays.
« Le gouvernement a décidé de lever, à compter du 17 novembre, l’interdiction temporaire d’exporter de l’essence automobile introduite le 21 septembre dans le cadre d’un ensemble de mesures visant à stabiliser la situation des prix sur le marché intérieur », a indiqué le ministère russe de l’Energie dans un communiqué sur Telegram.
« Les prix de gros ont considérablement diminué »
En deux mois, « les prix de gros de l’essence en Bourse ont considérablement diminué », s’est félicité le ministère pour justifier sa décision. Il a toutefois averti qu’il « continuera de surveiller les indicateurs de production et les prix », disant ne pas exclure « le retour » du mécanisme d’interdiction d’exporter de l’essence « si nécessaire. »
Après l’annonce de Moscou, les cours du pétrole ont accentué leur hausse, le Brent, référence européenne du brut, grimpant de 3,09% à 79,81 dollar le baril, quand son équivalent américain, le WTI, prenait 3,02% à 75,10 dollars le baril, vers 16H15 GMT vendredi 17 novembre.
Les principales compagnies pétrolières russes avaient appelé ces derniers jours le gouvernement à mettre fin à ce mécanisme mis en place le 21 septembre face à la flambée des prix à la pompe.
Crise agricole
Le prix de l’essence en Russie avait en effet atteint un niveau record quelques jours plus tôt, tiré par une combinaison de l’affaiblissement du rouble, de la hausse des prix mondiaux du pétrole et des travaux de réparation dans les raffineries de pétrole limitant les approvisionnements.
Conséquence directe des difficultés observées début septembre, des agriculteurs n’avaient pas pu réaliser leurs récoltes en raison des pénuries du carburant nécessaire pour leurs engins, selon la presse locale russe. La Russie, producteur majeur de céréales, est le premier exportateur mondial de blé. Or, la hausse du prix de l’énergie avait renchérit les coûts de production du secteur agricole.
A quelques mois de l’élection présidentielle, Vladimir Poutine, soucieux de contenir la hausse des prix, avait appelé son gouvernement à agir « plus rapidement », l’inflation faisant craindre aux Russes une perte de leur pouvoir d’achat.
La pression inflationniste se maintient
Si les prix de gros de l’essence ont diminué en Bourse au cours des deux derniers mois, l’inflation se maintient dans le pays. En octobre, la hausse des prix s’est encore envolée pour s’établir à 6,69% sur un an, contre 6% un mois plus tôt. Pis, selon la banque centrale russe, elle pourrait finir cette année entre 7,0 et 7,5 %, bien au-dessus de son objectif de 4 %.
Sur une base mensuelle, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,83% en octobre après une hausse de 0,87% en septembre. Il s’agit de la deuxième augmentation mensuelle la plus rapide en 18 mois.
La gouverneure de la Banque centrale, Elvira Nabioullina, a déclaré, la semaine dernière, que la pression inflationniste avait atteint un sommet au troisième trimestre, mais qu’elle ne commencerait à diminuer qu’au printemps prochain.
La Russie deuxième exportateur de diesel
Si cette interdiction répondait à des considérations locales, elle avait eu impact sur les marchés internationaux des distillats moyens (diesel, gazole) déjà tendus. Sur l’ICE, le prix du gazole avait augmenté de 55% depuis son dernier point bas début mai.
La Russie reste en effet le deuxième exportateur de diesel derrière les Etats-Unis. Si le retrait des volumes d’essence exportés par la Russie (130.000 b/j) peut être compensé sans difficultés sur le marché international, il n’en est pas de même pour le gazole, les exportations russes représentant 3,5% de la demande mondiale de ce distillat qui s’élève cette année en moyenne à 28,3 mb/j, selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
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