Avez-vous déjà racheté une entreprise ? Non ? Vous avez peut-être bien fait… Sinon, vous partagerez peut-être ces grands moments de solitude voir de désespoir avec moi !
J’ai racheté ma première entreprise en 2002, une pharmacie, mon rêve de toujours après mon diplôme. J’avais commencé à chercher 2 ans avant, pour m’installer le plus vite possible sachant que je n’étais pas faite pour être salariée. J’avais travaillé pendant mes 6 années d’études pour me constituer un apport personnel, étant boursière, et j’étais toute fière de mes 15000e d’économies durement acquises. Évidemment les banques m’ont ri au nez, j’ai dû faire le tour de 6 banques avant d’avoir un accord, sans devoir hypothéquer ma place en maison en retraite 50 ans à l’avance. Mais était-ce le plus difficile ? Avec recul, non. Le plus compliqué a été de trouver LA pharmacie, MA pharmacie, celle dont j’allais tomber amoureuse au premier coup d’œil, me sentir bien et me dire « c’est celle-là, c’est la mienne ». J’en ai visité des tas, de celle qui avait gardé sa cuve à charbon en sous-sol, à celle qui avait coupé des murs en 2, en passant par celles qui travaillaient encore sur ordonnancier papier, à la main… Mais je l’ai trouvée et je l’ai gardée 6 ans.
Par la suite, je l’ai vendue avec l’idée d’en acheter une plus grande, comme c’est la norme dans ce milieu. Jusqu’à ce que je réalise, que j’avais envie d’autre chose et que je voulais rejoindre le monde des startups. J’ai alors racheté un site ecommerce en 2008. Si la transaction s’est bien passée, j’ai eu de nombreuses déconvenues par la suite, comme des dettes à n’en plus finir qui n’avaient jamais été honorées, des contrats clients qui étaient caduques, et j’en passe… Cela ne m’a pas empêché de le garder 4 ans et de le revendre en 2012.
Là j’ai fait une pause dans le rachat d’entreprises pendant quelques années et je suis devenue journaliste web, mais l’appel étant trop fort, j’y suis revenue en rachetant un site de vente en ligne de mode japonaise, puis un autre d’objets kawaii, et un autre de cadeaux pour bébés. Les transactions se sont globalement bien passées, même si je ne les ai pas gardés longtemps, les modes étant très éphémères de nos jours… Mais je les ai tous revendus.
Puis enfin, en 2016, j’ai trouvé L’entreprise de mes rêves, après des mois de recherches sans succès, en pleine période des attentats de 2015 (j’en ai profité pour écrire un livre sur l’entrepreneuriat !), je l’ai vue, j’ai su qu’elle était pour moi : Cool and the bag. Aujourd’hui 6 ans plus tard, je l’ai toujours et elle évolue chaque année. Bon, on ne va pas se mentir depuis le COVID la croissance en a pris un coup ^^, mais j’adore tout ce qui fait cette entreprise, et je pense la garder pendant encore de nombreuses années. La transaction avait été limpide, les vendeurs étaient cool, une bande de jeunes qui voulaient passer à autre chose, en 2 semaines tout était fait. Le rêve.
2 ans plus tard, j’ai encore racheté un autre site, Maman Shopping, à une entrepreneure que je connaissais depuis 10 ans. Un domaine dans lequel je n’y connaissais rien, la puériculture, mais j’y ai beaucoup appris ! Mais voilà la forte concurrence d’Amazon, et surtout les prix cassés imposés pour rester compétitif, les dizaines de colis à faire chaque jour pour rester rentable ont eu raison de ma motivation, et je l’ai actuellement mis au ralenti pour m’orienter vers un autre projet, cette fois-ci dans la vie réelle, pas dans le milieu numérique. J’ai donc commencé mes recherches il y a quelques mois et là que de déceptions ! Le monde de la transaction d’entreprises a véritablement changé, et pas en bien du tout.
Depuis octobre, d’une part il y a très peu d’entreprises à vendre dans les domaines où je cherche (sport, librairie, impression numérique, jouets), et celles qui sont en vente sont en train de péricliter. Et même si les entrepreneurs accusent le COVID de leurs déboires, il suffit de se pencher sur les dossiers pour voir que leurs soucis ont commencé bien avant. Les aides de l’État leur ont permis de continuer 1 à 2 années supplémentaires, mais différents paramètres font qu’elles ne sont pas/plus viables : mauvaise gestion, mauvais emplacement, mésentente entre associés, politique commerciale inexistante, trop forte concurrence, etc… Et même au-delà ce ces faits, c’est l’attitude des vendeurs qui me choque : j’ai notamment deux dossiers pour lesquels les vendeurs m’ont caché qu’ils étaient en redressement ou liquidation judiciaire ! Ce qui ne les empêchait pas de se sentir supérieurs à moi (car chacun le sait une femme entrepreneure n’en n’est pas vraiment une, elle s’amuse pour occuper ses journées !), d’imposer leurs vues, et de mener le jeu. J’ai trouvé cela hallucinant comme attitude.
Cerise sur le gâteau, j’ai finalement cru trouver la perle rare, un bon CA, pas loin de chez moi, dans un domaine qui me passionne, avec du potentiel, mais avec des vendeurs tellement détestables, qu’à l’heure où j’écris ses lignes, je ne pense même pas signer le compromis comme prévu ces jours-ci. Je pensais avoir tout vu en 20 ans, mais je ne suis jamais au bout de mes surprises. A chaque rendez-vous ces gens dénigrent tout le monde : associations de commerçants, municipalité, confrères, commerces aux alentours, clients et j’en passe… Ils parlent aussi sur moi dans mon dos pensant que je ne les entends pas ! Et pour clôturer en beauté ils m’ont dit « vous verrez quand on devient chef d’entreprise, il y a une forme de respect qui se met en place avec les autres gens, ils se sentent inférieurs à nous ». Mais quoi ??? Bref j’ai raccroché hier soir d’un appel téléphonique et la seule observation que je me suis faite c’est « cette bonne femme est vraiment odieuse ». Est-ce que vraiment je veux enrichir ces gens en leur donnant mon argent ? Sachant qu’en plus, leur chiffre d’affaires à baissé en 2021, mais qu’ils ne veulent pas renégocier le prix de vente car ils ont soi-disant deux personnes qui sont prêtes à signer au prix voulu très rapidement.
Donc voilà où j’en suis actuellement : nulle part. Je commence même à perdre espoir de trouver ces prochains mois MON entreprise. J’en ai bien sûr une actuellement et cela suffirait à bon nombre d’entre vous, mais je ne suis pas comme cela, il me faut toujours plusieurs projets en même temps, sinon je m’ennuie ! Évidemment je ne baisse pas les bras, j’en profite pour préparer un diplôme sur la prévention du dopage à Saclay, ainsi qu’une formation de coach running santé, et pourquoi pas le diplôme de prof de yoga vinyasa 200h cet été Mais cela reste frustrant de ne pas pouvoir aller au bout ses projets et d’être dans l’attente des autres… Alors si jamais vous vendez votre entreprise et que vous êtes sympas (c’est un plus !) contactez-moi ! Si vous avez des anecdotes à raconter sur le sujet, envoyez-moi un mail pour en discuter aussi.
Comments