Un nombre important d’hippopotames en Afrique est clandestinement massacré et si rien n’est fait d’ici 30 ans, le colosse deviendra vulnérable et disparaître de la terre. Ainsi, des réseaux de trafiquants font tout pour passer par les mailles grâce à la corruption, malgré les efforts des ONG internationales, telle qu’EAGLE-Togo qui accompagne les autorités pour que les textes sur la protection des espèces protégées soient appliqués.
Les principales menaces qui pèsent sur les hippopotames sont la chasse pour la viande et pour ses dents et la diminution drastique de l’habitat. Le déclin des hippopotames est spectaculaire et s’est produit dans un temps record. Notamment en République démocratique du Congo et aussi en Afrique de l’ouest.
Mais dix pays africains dont le Togo ont accusé l’Union Européenne de mettre en péril la survie de l’hippopotame. La raison : Bruxelles s’est opposée à la proposition d’interdire totalement le commerce des produits issus de l’hippopotame, au cours d’une rencontre internationale sur la protection des espèces en voie d’extinction.
La chasse illégale pour sa chair et pour ses dents en ivoire est considérée comme l’une des raisons de la disparition de l’hippopotame. En effet, les dents d’hippopotame sont prisées par les chasseurs d’ivoire et figuraient parmi les parties de mammifères les plus couramment saisies en 2020, selon un rapport de la Commission européenne.
La population des hippopotames est aujourd’hui évaluée entre 115.000 et 130.000 individus. Celle-ci a cependant connu un déclin de 30 à 50 % au cours de la dernière décennie. En 2016, ces mammifères amphibiens ont été classés comme vulnérables à l’état sauvage et inscrits sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Actuellement, ces mammifères sont répertoriés comme une espèce de l’annexe II de la CITES, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas directement menacés d’extinction, mais pourraient le devenir si leur commerce n’est pas réglementé. En septembre, le Parlement européen a appelé la Commission européenne à soutenir le statut d’annexe 1 pour les hippopotames et d’autres espèces.
Au Togo, les hippopotames sont intégralement protégés, et on en compte une cinquantaine. La vallée du Mono, compte à elle seule, plus d’une trentaine d’hippopotames, selon le rapport de l’ONG CDAC. La détention, la circulation et la vente de trophées d’hippopotames, sont punies par les articles 761 et 796 du nouveau Code pénal du Togo. L’article 761 par exemple réprime d’un maximum de cinq ans de prison et de cinquante millions d’amende, toute personne qui directement ou indirectement commercialise sans droit, une espèce animale protégée.
Ainsi, un dépeuplement qui ne dit pas son nom, menace la population des hippopotames dans le fleuve Mono au sud-est du Togo. Afin de freiner les actions des braconniers, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et le PNUD ont sensibilisé les populations riveraines. Celles-ci s’est organisé pour lutter contre la destruction de cette espèce qui constitue le patrimoine culturel de cette contrée du Togo.
Les actions de FEM et du PNUD consistent essentiellement à intéresser les populations à des activités génératrices de revenus ce qui les éloigne peu à peu du braconnage. Ils sont également sensibilisés sur l’importance de sauvegarder la biodiversité de l’écosystème.
En 2016 déjà, la coopération allemande (GIZ), avait formé des éco-gardes (gardes du site) pour mettre fin aux activités de braconnage au niveau des mares de Logoe, Afi, Afito, Dindin et Avli, abritant ces mammifères aquatiques.
En effet, le projet de conservation des hippopotames intervient dans une zone à forte densité de population humaine (200 à 300 habitants au km carré) de la zone littorale du Bénin et du Togo, aux enjeux fonciers importants et où l’agriculture constitue la principale activité et occupe près de 80 % des personnes.
Dans leur quête de terrains, les paysans convertissent les habitats de la faune en champs de cultures entraînant ainsi des conflits homme-hippopotame qui se traduit par des dégâts sur les récoltes et par l’abattage illégal des animaux. De leur côté, les pêcheurs enregistrent parfois la destruction de leurs engins de pêche.
En l’absence totale d’aire protégée, on note qu’il existe quelques îlots inaccessibles où se concentrent les rares espèces fauniques. Mais la pression démographique accroît de plus en plus les menaces sur ces îlots qui sont des sites communautaires ou des propriétés individuelles.
L’initiative commencée depuis 4 ans vise à sécuriser le statut foncier de sites individuels au profit de la conservation des espèces menacées. La situation dans la vallée du Mono/Couffo constitue un cas d’école pour l’Afrique de l’Ouest pour la conservation des hippopotames et leur cohabitation avec les populations locales.
Le projet vise la sauvegarde de la biodiversité et des espèces menacées dont l’hippopotame et l’amélioration des conditions de vie des populations locales grâce à l’installation d’une réserve biologique communautaire pilote de 400 ha comme support scientifique, culturel et didactique dans la vallée du fleuve Mono. Les différents groupes bénéficiaires du projet sont les agriculteurs, les pêcheurs, les éleveurs, les chasseurs, les commerçants et les femmes surtout pour l’utilisation de bois de chauffe nécessaire au fumage de poissons.
Pourtant, l’hippopotame joue même un rôle important dans la biodiversité. En déféquant dans les rivières, il les enrichit avec du silicium, un élément indispensable à la croissance de micro-algues essentielles à l’écosystème des rivières africaines. Les hippopotames sont particulièrement vulnérables face aux menaces car ayant une productivité très lente. Les femelles n’atteignent en effet leur maturité sexuelle qu’à l’âge de 10 ans, et la gestation est longue, elle qui dure 8 mois.
Selon Rebecca Lewison, coprésidente du groupe de spécialistes des hippopotames de l’UICN, la plus grande menace pour les hippopotames est la perte et la dégradation de leur habitat. « Les hippopotames dépendent de l’eau douce pour survivre, ce qui les met souvent en conflit avec les communautés locales qui ont également besoin d’eau douce pour l’agriculture, l’énergie, la pêche et le développement résidentiel. Les conflits hippo-humains sont en augmentation, en particulier en Afrique de l’Ouest, où les populations d’hippopotames communs déclinent rapidement. Les conflits hippopotames-humains entraînent malheureusement des décès d’hippopotame et d’humains et ont contribué à un problème connexe de chasse non réglementée pour la viande d’hippopotame et l’ivoire, qui se trouve dans leurs dents canines. », a-t-elle déclaré.
Rappelons que les hippopotames sont déjà répertoriés comme une espèce de l’annexe II. La prochaine convention aura lieu en novembre prochain. (Afrik Management/novembre/2023)
par Nicolas Koffigan
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