Prévu pour intercepter des menaces aériennes telles que des missiles hypersoniques, le Japon vient de tester avec succès son railgun en mer sur un navire militaire. Une courte vidéo le montre en action sans trop en dévoiler.
La guerre est considérée comme un accélérateur de technologies. Étant donné les tensions internationales du moment, avec notamment la guerre en Ukraine et le conflit au Proche-Orient, de nombreux États augmentent leurs investissements pour gagner du temps sur leurs programmes d’équipements militaires. C’est le cas au Japon, où un projet de railgun est en cours de développement depuis 2015. Il vient juste d’être testé sur un navire militaire. Le railgun, ou canon électrique à propulsion électromagnétique, est capable de tirer une balle à une vitesse hypersonique, c’est-à-dire au-delà de 2 000 m/s, soit 5,8 fois la vitesse du mur du son. Le railgun japonais a déjà été testé en tant que prototype et il pouvait déjà tirer une ogive à une vitesse maximale de 2 300 m/s. L’idée pour l’armée japonaise, c’est de l’utiliser comme un élément de défense aérienne suffisamment véloce pour justement pouvoir intercepter des missiles hypersoniques. Des missiles dont le voisin chinois dispose et qui sont opérationnels depuis un moment.
Conçu pour neutraliser des missiles hypersoniques
Il y a quelques jours, le test auquel a procédé l’agence de recherche militaire japonaise (Atla) consistait à expérimenter ce railgun sur un navire en mer. Il s’agissait de vérifier ses capacités de tir en mouvement et également l’usure du rail après les tirs. C’est un point critique sur ce type d’armement, car étant donné l’accélération brutale du projectile, l’érosion de l’arme est importante. Son utilisation en tirs à répétition risque de l’user prématurément. C’est sur le navire spécialement conçu pour tester des armements, le JS Asuka, que le railgun a été monté. Peu de détails ont été livrés. La masse et la vitesse initiale du projectile n’ont pas été annoncées, on sait seulement que le projectile tiré disposait d’un calibre de 40 mm. Le Japon n’est pas le seul pays à miser sur cette technologie. Outre les canons laser, la marine américaine développe également ses propres railguns. L’objectif, c’est qu’ils soient capables d’intercepter des menaces à une distance d’environ 180 kilomètres.
Avec la capacité des missiles hypersoniques à évoluer à au moins cinq fois la vitesse du son et leur trajectoire impossible à anticiper, la question de leur interception en plein vol se pose. Les missiles antibalistiques restant coûteux et moins efficaces, le ministère japonais de la Défense a peut-être trouvé une solution plus économe et performante : le railgun, ou canon électrique à propulsion électromagnétique.
Il ne s’agit pas d’une nouvelle invention, car ce type de canon existe déjà et a été testé à maintes reprises depuis des dizaines d’années, mais aucune armée ne dispose encore de matériel véritablement opérationnel. Avec lui, alors qu’un missile antibalistique plafonne à 1.700 mètres par seconde, les munitions tirées par le canon pourraient évoluer à plus de 2.000 mètres par seconde selon le ministère de la Défense japonais. Le railgun serait également capable d’envoyer ses munitions à différentes vitesses en manipulant le niveau d’énergie et en l’adaptant à la vitesse du missile entrant. Lors des différents tests, un prototype a même atteint une vitesse de près de 2.300 mètres par seconde. Cette vitesse élevée a également l’avantage de permettre d’augmenter la portée sans perte de puissance lors de l’impact.
Pour détruire un missile supersonique, le canon agirait en guise de mitrailleuse rapide pour tirer un maximum d’ogives en un minimum de temps, tout en réalisant des mouvements de balayage. Pour que cela fonctionne, le matériau des ogives doit être à la fois très solide pour résister à la puissance du tir et également posséder une excellente conduction électrique. Par ailleurs, contre un missile hypersonique, la cadence de tir très soutenue engendre également de gros soucis de refroidissement du canon. Reste la question de l’énergie nécessaire pour tirer rapidement en rafales.
LE PROTOTYPE DE RAILGUN PRÉSENTÉ PAR LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE JAPONAIS. © MINISTÈRE JAPONAIS DE LA DÉFENSE
Un railgun opérationnel avant la fin de la décennie
Pour résoudre ces questions, l’Agence d’acquisition, de technologie et de logistique du ministère de la Défense dispose d’un budget de 56 millions de dollars cette année. Pour le ministère de la Défense, mettre au point une telle arme défensive permet avant tout de dissuader un ennemi de tout tir. Son ogive ne pourrait, a priori, pas passer entre les rafales de tels canons. Celui-ci ne serait d’ailleurs que l’une des dernières protections en renfort d’autres parapluies dotés de systèmes antimissiles. Confiant, le Japon envisage déjà une mise en service opérationnelle après 2025.
Si le Pays du soleil levant cherche des moyens de protéger son territoire des missiles hypersoniques, c’est parce que plusieurs États, dont la Chine et la Russie, réalisent régulièrement des démonstrations de force avec des prototypes très avancés d’armes hypersoniques. Ainsi, son voisin chinois a montré son expertise en la matière en tirant l’été dernier un missile depuis un planeur se déplaçant à des vitesses hypersoniques au-dessus de la mer de Chine méridionale. De son côté la Corée du Nord a affirmé qu’un missile qu’elle avait lancé dans la mer du Japon en septembre était un engin hypersonique.
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