De nombreux mécanismes et dispositifs ont été mis en place pour lutter contre la corruption en Afrique. On peut citer la convention de lutte et de prévention de la corruption adoptée par l’Union Africaine il y a une vingtaine d’années. Un certain nombre de mécanismes existent également dans différents Etats pour prévenir et lutter contre la corruption.
Mais en dépit de toutes ces mesures, selon la directrice régionale d’Amnesty international en Afrique de l’ouest et du centre, Madame Samira DAOUDE, « non seulement, la corruption prospère, mais aussi les personnes qui la dénoncent courageusement sont aujourd’hui menacées ». Madame Samira estime que plusieurs raisons favorisent cet état de chose elle déclare à cet effet que, « tout d’abord, les mécanismes mis en place manquent d’efficacité. Certaines structures anticorruptions ne sont pas indépendantes et ne peuvent donc pas véritablement jouer leur rôle. Certaines manquent de moyens et des pressions importantes sont exercées sur ces institutions ».
Elle déplore l’absence, « d’un certain dispositif de lois qui devrait permettre de mieux protéger les défenseurs de cette cause. Aujourd’hui, seul trois pays dans notre région ont adopté les lois de ce type ». Toujours dans le registre juridique on peut parler « des lois permettant un meilleurs accès à l’information en particulier en ce qui concerne la gestion des deniers publics car un seul pays dans notre région dispose de ce type de lois ».
La responsable d’Amnesty international de la région d’Afrique de l’ouest et du centre, préconise la mise en place d’un dispositif juridique devant permettre la protection des lanceurs d’alertes. Afin de les encourager à dénoncer en toute quiétude sans avoir peur par exemple de perdre leur travail.
L’action d’Amnesty s’explique par le fait qu’il y a un lien très étroit entre des faits de corruption, à la fois au quotidien et à une échelle plus grande, au niveau étatique et le fait que des droits civils, politiques et sociaux ne sont pas remplis. C’est ce qui explique par exemple que les hôpitaux ne fonctionnent pas, que les enfants soient privés de conditions basiques à l’accès à la santé. Un programme pilote spécifique à l’Afrique de l’ouest a donc été lancé lors de la publication du rapport d’Amnesty internationale sur la corruption à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre ce fléau le 11 juillet dernier pour une meilleure compréhension du public.
Ce programme va également permettre de donner des solutions aux autorités étatiques. A terme il sera étendu à toutes les régions que couvre Amnesty internationale en Afrique.
Guy René EKANI
Correspondant au Sénégal
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