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Gertrude Kouassi Koné, directrice exécutive d’UNETEL : « En 2021, le secteur des télécoms a pourvu près de 11% des recettes fiscales de l’État ivoirien »

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Composée des opérateurs MTN, Moov et Orange, l’Union nationale des entreprises de télécommunications de Côte d’Ivoire (UNETEL) est l’organisation patronale qui défend les intérêts des acteurs de la filière télécoms ivoirienne tout en participant activement à la stratégie numérique mise en place par les autorités du pays. Directrice exécutive de l’organisation, Gertrude Kouassi Koné précise dans cet entretien les actions mises en place par celle-ci tout autant que son rôle clé pour l’économie ivoirienne.

Forbes Afrique : Depuis sa création, l’Union nationale des entreprises de télécommunications (UNETEL) entend accompagner et promouvoir le développement des télécommunications en Côte d’Ivoire. Quelles ont été vos principales actions et réalisations ?

Gertrude Kouassi Koné : Dans la mesure où le digital est l’un des piliers de la transformation structurelle de l’économie ivoirienne, les opérateurs télécoms sont de facto au cœur des réflexions et chantiers à ouvrir dans tous les secteurs d’activité. Ainsi, l’UNETEL et ses membres ont travaillé, aux côtés d’autres parties prenantes, sur diverses politiques et stratégies portant sur le numérique telles que la stratégie numérique de la Côte d’Ivoire, les stratégies e-Agri, e-Education, e-Santé ou bien encore la politique nationale d’identification et l’e-commerce.

Dans un autre registre, en étant à la tête de la Commission Économie Numérique et Entreprise Digitale (CENED) du Patronat Ivoirien, l’UNETEL fédère les acteurs de l’écosystème numérique pour l’élaboration de plaidoyers destinés à l’administration publique et portant sur des problématiques de développement tels que l’accès des entreprises locales aux grands marchés publics, le financement de l’innovation, le poids de la fiscalité, l’adéquation formation-emploi dans un secteur qui évolue très vite, la régulation du secteur… Ce dialogue public-privé permanent a permis, au fil de l’eau, de mieux faire appréhender par la partie publique les enjeux et contraintes de développement du secteur, de promouvoir l’expertise locale à travers des évènements d’envergure à l’instar de l’African Digital Week que nous venons d’organiser avec d’autres faîtières du monde du numérique, d’encourager la réflexion sur des solutions originales et innovantes pour faire face aux défis locaux…

En bref, l’UNETEL peut à juste titre se targuer d’être aujourd’hui la plateforme qui, non seulement apporte une réponse collective des entreprises de téléphonie mobile aux problématiques de développement du secteur des Télécommunications, mais aussi d’être le creuset de création de synergies destiné à impulser une dynamique de transformation digitale à l’économie ivoirienne, et ce de manière inclusive et durable.

Que pèse aujourd’hui le secteur télécoms dans l’économie ivoirienne et en quoi est-il un maillon essentiel au bon fonctionnement de celle-ci ?

Gertrude Kouassi Koné : En 2021, le secteur des télécoms a pourvu près de 11% des recettes fiscales de l’Etat ivoirien et contribué à un peu plus de 3% du Produit Intérieur Brut pour des investissements totaux de l’ordre de 170 milliards de francs CFA (260 millions d’euros). Sur la même période, le taux de pénétration de la téléphonie mobile s’est chiffré à 162%. Le territoire est couvert par les technologies 2G, 3G, 4G et les tests de la 5G- actuellement en cours- offrent des perspectives intéressantes en termes de nouveaux services à offrir aux abonnés.

Toujours sur le plan technologique, le fait de disposer, d’au moins 4 câbles sous-marins, permet au pays de bénéficier d’une bonne connectivité à l’international. De même la disponibilité de 25 000 kilomètres de fibre optique, sur tout le territoire national, permet aux entreprises et aux administrations de pouvoir compter sur des services télécoms de qualité dans la mise en œuvre de leurs stratégies de transformation digitale. Par ailleurs, au-delà de leur contribution économique importante, les opérateurs télécoms ont un apport majeur au niveau social avec des programmes RSE des plus développés (construction d’infrastructures communautaires d’éducation et de santé, financement de programmes en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’emploi des jeunes, projets pour la protection de l’environnement…). Enfin, au niveau des contributions indirectes, le secteur impacte considérablement la dynamique de croissance de divers écosystèmes tels que la communication, le sport et la culture.

Quels rapports entretenez-vous avec l’autorité de régulation et plus largement, les pouvoirs publics ?

Gertrude Kouassi Koné : L’UNETEL ne peut qu’entretenir de bons rapports avec l’Autorité de régulation des télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI) et veille à ce que ceux-ci demeurent au beau fixe. Comme dans tout couple, il peut y avoir des incompréhensions mais dans la mesure où le régulateur et les opérateurs sont, de manière collégiale, les garants de la bonne dynamique d’évolution du secteur, il est impératif que le dialogue soit permanent, apaisé et constructif. En conséquence, nous travaillons sur tout un ensemble de projets communs et de manière régulière nous participons à des campagnes de sensibilisation de l’ARTCI à destination du grand public, notamment celles centrées sur la cybersécurité et la protection des données personnelles. De manière plus large, dans nos relations avec les autorités publiques, nous privilégions la négociation, le plaidoyer et la sensibilisation.


Au sein de votre organisation, comment parvenez-vous à vous assurer d’une concurrence saine entre opérateurs? 

Gertrude Kouassi Koné : Dès sa création, en 2007, l’UNETEL répondait à l’engagement pris par les opérateurs télécoms de promouvoir une concurrence saine, émulative, apaisée et gagnante pour l’ensemble des parties prenantes du secteur. En d’autres termes, les questions de stratégie de croissance ou de développement commercial, qui sont d’ordre concurrentiel, ne figurent pas dans notre feuille de route. Notre organisation traite uniquement de sujets communs tels que la fiscalité et les problématiques techniques ( disponibilité énergétique, redevances liées aux fréquences, conditions de mise en œuvre de la 5G … ).

Entre la cybersécurité, le lancement de la 5G en 2023 et des entraves telles que les délestages électriques, comment voyez-vous le secteur des télécoms ivoirien évoluer à moyen terme ?

Gertrude Kouassi Koné : Si l’on se concentre sur le court terme, les problématiques que vous citez peuvent effectivement être vues comme des entraves. Dans la durée toutefois, cela doit d’abord être considéré comme des défis à relever en misant sur l’esprit de créativité et d’innovation, ainsi que sur la capacité à se réinventer pour aller plus vite et plus loin. Une chose est sûre, avec la volonté affichée par le gouvernement ivoirien d’utiliser le digital comme l’un des leviers de la transformation structurelle de l’économie, il est clair que le numérique et donc les télécoms auront de bonnes perspectives de croissance, pourvu que leurs préoccupations soient prises en compte et trouvent une réponse adéquate.

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