Leadership

Déjouer le biais d’optimisme : 6 stratégies pour une gestion réaliste des risques

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Le biais d’optimisme, dans le contexte professionnel, correspond à la tendance qu’a un travailleur à toujours penser que « cela n’arrive qu’aux autres ». D’une manière générale, il pense que les événements positifs ont de grandes chances de lui arriver à lui plus qu’aux autres. A l’inverse, il pense que les événements négatifs n’arrivent qu’à ses collaborateurs. Il surestime les bénéfices et sous-estime les risques de son quotidien.

Faire preuve d’optimisme est une réelle qualité dans la vie de tous les jours mais également au bureau ! Moteur de la motivation, du dépassement de soi, de la détermination, l’optimisme est une qualité humaine contribuant à l’esprit d’équipe, au soutien moral des troupes, mais aussi au sens donné à la vie professionnelle.

Pourtant, cet optimisme comparatif – comme ce biais est également appelé – peut porter préjudice à celui qui n’a pas conscience d’en user plus que de raison.

Quels sont les risques du biais d’optimisme ? Comme déjouer ce biais cognitif ? Explications.

Biais d’optimisme : quels sont les risques de sous-estimer les risques ?

Se sentir moins exposé aux risques dans un environnement professionnel a des bons côtés. Qu’il s’agisse de vous ou de vos collaborateurs, penser que les événements négatifs n’arrivent qu’aux autres est une force pour avancer, oser, tester de nouvelles choses, car l’anxiété et le stress sont sans doute moins intenses. Cela impacte donc le sentiment de bien-être au travail, car vous n’avez pas l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de votre tête quotidiennement.

Ce qui est contradictoire, si l’on prend un peu de recul, c’est tout simplement que le biais d’optimisme amène généralement les managers et collaborateurs à prendre plus de risques !

  • Par exemple, vous pensez que vous pouvez augmenter le chiffre d’affaires en un an de façon considérable, vous vous engagez à le faire car vous vous en sentez capable >> vous n’y arrivez pas. Par conséquent, votre hiérarchie vous demande des comptes et/ou dans le pire des cas, se sépare de vous.
  • Vous pensez que vous méritez la promotion, l’évolution professionnelle dont tout le monde parle >> vous ne l’obtenez pas. Votre confiance en vous est entachée, vous perdez votre motivation car vous ne comprenez pas pourquoi et développez un sentiment d’injustice.
  • Vous ne vous sentez pas concerné par un plan de licenciement économique car vous avez foi en votre importance dans l’entreprise, vos qualités, vos compétences >> vous êtes finalement licencié, c’est un choc pour vous. Faute d’avoir envisagé cette possibilité, vous vous retrouvez dans une situation complexe à la fois financière et morale.
  • Vous pensez que votre proposition de projet ne peut qu’être préférée à celle des autres >> un autre projet est choisi pour la stratégie annuelle. Vous développez de la rancune envers votre hiérarchie et ne vous impliquez pas à 100 %.
  • Vous vous fixez toujours des objectifs très ambitieux au démarrage d’un projet ou sur votre to-do-list du jour car vous pensez en être capable malgré les alertes de vos collaborateurs >> vous devez constamment revoir vos objectifs à la baisse, vous ne respectez pas vos deadlines et finissez même complètement sous l’eau, sous pression. Le risque de burn-out est alors présent.

Les conséquences néfastes du biais d’optimisme peuvent être assez graves en fonction des personnes. En se créant une idée du futur totalement illusoire, la confrontation avec la réalité peut à la fois être brutale et déclencher une chute vertigineuse dans des émotions négatives, une remise en question de vos capacités, de votre estime, de votre confiance.

Comment déjouer le biais d’optimisme au bureau ?

Certaines études ont été menées autour du biais d’optimisme. Il demeure difficile de le déjouer car c’est une tendance ancrée profondément dans chaque individu. Cette dérivation de la pensée rationnelle est aussi un mécanisme de défense : vous pensez contrôler la situation en pensant que les risques n’arrivent qu’aux autres et qu’un avenir merveilleux, sans aucun nuage vous attend.

Voici toutefois quelques clés vous permettant  de savoir si oui ou non vous êtes en proie au biais d’optimisme, pour pouvoir limiter son impact sur votre vie professionnelle.

Réaliser une introspection

Bien entendu, il est difficile de devoir se dire « Bon, aujourd’hui je pense que je suis trop optimiste quant à ma situation, je vais donc étudier les risques que j’encours quotidiennement, car je me mens à moi-même, histoire de me miner le moral ». Un optimiste dans l’âme aura du mal à concevoir cette idée !

Ce biais cognitif est, rappelons-le, inconscient ! Pour autant, en tant que bon manager ou collaborateur, réaliser une introspection de temps à autres est déjà un pas de géant pour devenir la meilleure version de vous-même.

Posez-vous les bonnes questions :

  • Vous est-il déjà arrivé de vivre un événement négatif que vous n’imaginiez jamais vivre et tomber de haut ?
  • Atteignez-vous les objectifs que vous vous fixez chaque année au bureau ?
  • Respectez-vous vos deadlines ?
  • Comment réagissez-vous lorsqu’un projet différent du vôtre est choisi ?
  • Quelle est votre réaction face à un refus ?
  • Quelle place pensez-vous avoir dans l’entreprise ?
  • Ressentez-vous souvent un sentiment d’injustice au bureau ?
  • Faites-vous une to-do-list chaque jour ? Cochez-vous toutes les cases ?
  • Avez-vous discuté de votre rôle au sein de l’entreprise avec votre hiérarchie ? Que vous disent-ils lors des entretiens annuels ?
  • Notez-vous des axes d’amélioration à travailler ?
  • Comment pensez-vous que les autres vous voient ? Leur avez-vous demandé ? En avez-vous parlé ?
  • Pour quelles raisons pensez-vous que l’herbe est moins verte ailleurs ?
  • Lorsqu’un échec se présente, percevez-vous des éléments redondants avec vos expériences passées ?

Répondre à ces questions, en prenant le temps de bien réfléchir peut susciter de nouvelles questions chez vous.

Ecouter vos collaborateurs et votre hiérarchie

Les biais cognitifs jouent avec votre cerveau et perturbent la réalité. Alors, bien souvent et surtout dans le contexte de l’optimisme comparatif, il est utile d‘écouter votre environnement et les signaux lancés par vos collègues.

Vous ont-ils déjà alerté sur l’importance de vous reposer, d’en faire un peu moins, de prendre davantage le temps pour réaliser certaines tâches ? Vous donnent-ils des conseils pour mieux gérer votre temps ? Ont-ils mis le doigt sur un axe d’amélioration ou un risque encouru ?

Quelle posture avez-vous, à ce moment-là ? Vous sentez-vous offusqué ? Peiné ? Ressentez-vous de l’injustice ?

Ayez conscience que votre environnement vous perçoit d’un œil extérieurvoit parfois ce que vous ne parvenez plus du tout à discerner. Dès lors, il est question d’écouter, simplement, ce que les autres ont à vous dire. Restez ouvert aux remarques, voire aux critiques tant qu’elles sont constructives. Enrichissez-vous des conseils des uns et des autres et surtout posez-vous quelques questions lorsqu’une remarque revient souvent. Personne n’est parfait, tout le monde commet des erreurs, même vous ! Si vous n’écoutez pas votre environnement, vous risquez de développer l’effet Dunning-Kruger.

Développer l’esprit d’équipe et la communication

Pour déjouer le biais d’optimisme, rien de tel que le travail en équipe, fondé sur une bonne communication. Avec transparence, bienveillance toujours, écoute, entraide, l’esprit d’équipe créé une dynamique intéressante.

Il ne s’agit alors plus d’évoluer quotidiennement en considérant les autres comme inférieurs OU vos concurrents. Il est plutôt question de créer un écosystème motivant, inspirant, dans lequel chaque travailleur a sa place, ses qualités, ses défauts, ses forces, ses faiblesses.

L’esprit d’équipe permet de réussir ensemble ou d’échouer ensemble. Et pour que cela fonctionne, il faut s’ouvrir aux autres, communiquer, toujours, pour tout.

Il est même utile, lorsque vous vous sentez en confiance dans votre équipe, de poser quelques questions à vos collaborateurs pour avoir une idée de la manière dont ils vous perçoivent et dont vous les percevez :

  • Quels sont, selon vos collègues, vos forces et vos axes d’amélioration ?
  • Quelle aide savez-vous leur apporter ?
  • En quoi vous trouvent-ils doué ?
  • Pour quelles raisons viendront-ils vers vous ? Dans quel contexte ? Pour résoudre quelle problématique ?
  • Quels sont, selon eux, vos talents ? Vos qualités humaines ? Ce en quoi vous êtes particulièrement doué ?
  • Qu’aimeraient-ils vous apporter ?
  • Dans quel contexte vous sentent-ils en insécurité ? Qu’est-ce qui vous frustre d’un point de vue extérieur ?
  • Quels sont les domaines dans lesquels vous ne vous rendez pas compte de votre potentiel ?
  • Comment voient-ils votre manière de communiquer ?

Ces quelques questions vous permettront de prendre conscience de ce que vous projetez sur l’extérieur, de valider certaines croyances que vous avez, et de vous donnez matière à vous améliorer dans d’autres. En réalisant aussi cet exercice pour vos collègues, vous prendrez conscience que tout le monde a des forces et des faiblesses et que personne n’est « PLUS » que quelqu’un d’autre ! Les similarités vont apparaître entre collaborateurs mais aussi les différences, ce qui créent une équipe hétérogène et surtout complémentaire.

Fixer des objectifs SMART supervisés

D’un point de vue performance, on ne présente plus les objectifs SMART. Cette méthode est idéale car elle permet aux collaborateurs de se projeter avec ambition, réalisme et surtout d’avoir un moyen de jauger leur performance.

Pour autant, se fixer des objectifs SMART seul peut ne servir strictement à rien si vous êtes en proie au biais d’optimisme. Vous allez simplement dresser une liste d’ambitions, avec des deadlines et des objectifs quantitatifs irréalisables, que vous vous penserez capable d’atteindre.

Alors, il est utile et recommandé de vous fixer des objectifs SMART avec la supervision d’un collaborateur, de votre chef, lors de l’entretien annuel. Votre propre manager sera en mesure de vous orienter vers ce qu’il vous croit capable de faire, en quoi vous pouvez vous améliorer et les limites qu’il constate à votre champ d’action. Associé à votre vision de vos capacités, vous trouverez alors un équilibre parfait. Vos objectifs SMART seront suffisamment ambitieux pour vous permettre de les atteindre avec motivation et détermination. Vous serez fier de vous, votre hiérarchie sera contente et ravie de votre travail car les objectifs seront atteints. Estime, confiance, bien-être s’intensifient.

Si la tâche vous aura semblé trop simple en fin d’année, ce sera l’occasion de revoir vos objectifs à la hausse, mais pas trop !

Encourager la pensée contre-factuelle et la rétroaction constructive

La pensée contre-factuelle consiste à envisager ce qui « aurait pu être ». En somme, il convient de s’habituer à envisager les risques, les événements négatifs, au cours de chaque processus ou projet.

« Et que se passera-t-il si nous n’atteignons pas le chiffre d’affaires fixé cette année ? », « et que se passera-t-il si nous n’obtenons pas le financement demandé ? », « et que faisons-nous si les clients n’aiment pas le produit ? », « et comment réagissons-nous face aux commentaires négatifs sur les réseaux sociaux ? »

En développant votre faculté à anticiper les risques et les déconvenues, vous développez votre performance et surtout vous cultivez le progrès au sein de votre organisation et de votre équipe : vous vous parez à toutes les éventualités ne serait-ce qu’en les considérant comme probables !

De la même manière, la rétroaction constructive consiste au partage de toutes les pensées au sein de l’équipe. Comme évoqué plus haut, la communication est essentielle en entreprise mais il faut aussi accepter de recueillir les émotions des uns et des autres. Alors, en constituant une équipe où chacun se sent libre de donner son avis constructif, d’émettre un doute, une inquiétude, une angoisse, de lever le voile sur une erreur commise, une information qui n’a pas été prise en compte, l’esprit critique est développé pour le bien du business.

Pour une situation identique, plusieurs personnes auront un point de vue différent, en fonction de facteurs personnels et professionnels propres à chacun. Et c’est là toute la richesse d’une équipe ! Un subtil mélange de points de vue, qui, une fois réunis, permettent de gagner en visibilité sur un projet, une décision.

Analyser les situations et chercher des preuves

Enfin, il est utile de toujours justifier un cap à prendre, un choix à faire, un projet à mener. Pour contrer l’optimisme comparatif, fiez-vous à l’existant, au passé, aux expériences, aux études et analyses effectuées !

Remettez-vous en aux chiffres, aux statistiques, pour appuyer vos propos, invalider certaines idées, ou tenir compte des risques avec plus de recul. Il est plus facile de prendre des décisions grâce à des données neutres, tirées d’études que sur votre simple avis, subjectif par nature.

Lrsque vous allez chercher les informations utiles à justifier vos propos, vous allez vous rendre compte de la faisabilité de ce dernier, de l’opportunité ou du risque à prendre. Et c’est en arrivant devant votre manager ou votre équipe que vous réussirez à les embarquer dans un projet ambitieux, réaliste, avec des projections possibles !

Le biais d’optimisme est un biais difficile à cerner et surtout difficile à contrôler. En prenant quelques bonnes habitudes, vous allez développer votre sens critique et celui de votre équipe, mais aussi écouter votre environnement. Conseils, remarques, critiques parfois, l’ouverture d’esprit est essentielle pour gagner en performance, et faire preuve d’un optimisme réaliste et suffisamment ambitieux pour vous tenir en haleine ! Avoir conscience des risques est une source de progrès en entreprise.

admin
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