Garder le lien par des rencontres ludiques
Un réseau, une influence se forgent aussi entre les employé·es. On se connaît, on s’apprivoise, quelle que soit la taille de l’entreprise. Si les confinements ont mis à mal ce lien/liant social qu’est le bureau, des solutions, le plus souvent des adaptations de formules en présentiel, apparaissent pour maintenir le contact.
Dans bon nombre d’entreprises aujourd’hui – et pas seulement au sein grandes entreprises –, il existe des silos entre les employé·es : entre des services, entre des implantations parfois éloignées… Ce qui crée parfois un certain anonymat : tout le monde compte au moins un·e collègue avec qui il·elle correspond régulièrement par mail, dont il·elle ne connaît rien d’autre que l’adresse mail – et le trait est à peine forcé. Or l’on n’a plus à démontrer les avantages qu’il y a, dans une entreprise, à ce que les employé·es et collaborateur·rices se connaissent (un minimum) : meilleure intégration dans l’entreprise, meilleur sentiment d’appartenir à une même entité, meilleure mobilité interne… La liste est longue. Avant la pandémie, les RH s’en souciaient, parfois en utilisant des outils de team building et, plus récemment, des réseaux sociaux d’entreprise (Workplace, Teams…). Plus des outils pour faciliter des rencontres.
Tribalee en est un. Créée il y a trois ans et demi dans le but de créer des moments de rencontre dans les entreprises, l’application suscite des micro-événements pour créer des occasions d’échange dans les entreprises, entre des collaborateur·rices qui ne travaillent pas forcément ensemble. « Nous voulions créer des moments récurrents – le team building est trop ponctuel –, sur les temps de pause, et de façon automatisée pour ne pas se montrer trop coûteux en temps pour la direction des ressources humaines », explique Adrien Aubry, fondateur de Tribalee. « Nous avons créé un outil logiciel dédié. » Que ce soit un café, un déjeuner, totalement au hasard ou guidé par la RH selon divers critères, Tribalee va créer des liens entre des personnes qui ne se seraient pas rencontrées. Et ça marche. RandomCoffee, créé début 2018 sur des principes similaires, compte maintenant 50 % de sa clientèle aux États-Unis.
Un lien crucial en télétravail
Puis la covid a bouleversé le jeu. Depuis la pandémie et la montée au créneau forcée du télétravail, comment continuer à assurer ce liant, encore plus essentiel à un moment où se sentir détaché·e est la norme ? Lors du premier confinement, la priorité a été, pour les entreprises, de se mettre au télétravail. Ce n’est que lors du deuxième confinement que la question de garder vivant le lien social dans l’entreprise a été vraiment prise en compte et que les demandes pour des services tels que ceux fournis par Tribalee, RandomCoffe, 2isd et autres ont vraiment commencé à décoller. « Depuis quelques mois, les grandes entreprises cherchent un outil durable et pérenne pour assurer cette fonction de lien, car elles savent que ces nouvelles pratiques vont rester », souligne Renaud Dorval, un des trois fondateurs de RandomCoffee.
« Pour réussir un projet, particulièrement en temps de télétravail, il est indispensable qu’on puisse bien se connaître, appréhender les forces et les faiblesses de chacun… énumère Matthieu Mangot, de 2isd, des spécialistes du team building. Et le besoin de contact est réel. » Apprendre à collaborer à distance, maintenir un contact social, même virtuel, s’apprend… « Nous faisons partie du réseau Team Building qui regroupe plusieurs acteurs du secteur en France et au Bénélux, continue Matthieu Mangot. Très rapidement, dès le premier confinement, nous avons commencé à évoquer le comment transformer certaines de nos activités pour les adapter à la visio. »
Trouver son propre mélange
Un défi de taille qui n’a pas de solution unique. L’un des défis, dans ces rencontres virtuelles d’un nouveau genre, est la lassitude de l’écran. Comment intéresser quelqu’un qui vient déjà de passer une bonne partie de sa journée en visio à se reconnecter encore ? La réponse passe par l’animation – et la durée. « Certaines activités qui vont exiger en présentiel 2 ou 3 heures sont limitées, en visio, à une heure », souligne Matthieu Mangot. Il faut captiver les participants pendant toute la durée du jeu. S’il dure trop longtemps, on perd son auditoire. D’où l’idée d’une animation. Par exemple, pour rendre le moment attractif, Tribalee a ajouté une couche d’animation à des microrencontres qui étaient auparavant libres (et en face à face) : des jeux de conversation, des quizz, du brainstorming pour les rencontres plus orientées… « Ce qui a vraiment fait la différence. Le type de contenu dépend de l’objectif : pour des moments intersites, par exemple, on visera plutôt des jeux de conversation, pour apprendre à se connaître. Pour des moments interéquipes, on visera plutôt un moment de détente, purement ludique. » Même direction chez 2isd où le menu des activités disponibles s’élargit régulièrement : des visios murder party, des escape games… Autant de façons d’apprendre à se connaître différemment. Et pour assurer que tout se déroule correctement et que l’humain reste au cœur des interactions, un animateur est toujours présent. Le dialogue est permanent.
Le système connaît malgré tout ses limites. « Il est faux de croire que l’on va arriver à remplacer entièrement l’échange informel autour de la machine à café par une réunion Zoom, ou recréer virtuellement la bière d’après-boulot ». Mais beaucoup de solutions sont en train d’être testées et de naître, les unes intégrées à des outils existants comme Teams ou Workplace, d’autres, indépendantes, pour arriver à recréer cet esprit de bureau. Ce sera à chaque entreprise de trouver, avec l’aide de ses employé·es, le « mix » qui lui convient le mieux.
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