La Banque mondiale a approuvé un financement concessionnel de 56 milliards de francs CFA, soit environ 100 millions de dollars américains, destiné à transformer durablement la mobilité urbaine à Dakar et à poser les bases d’un meilleur aménagement de la circulation dans les villes secondaires du Sénégal. Ce financement, accordé par l’intermédiaire de l’Association internationale de développement (IDA), constitue la première phase d’un programme ambitieux aligné sur les priorités du Plan Sénégal Émergent. Il vise à soutenir une croissance inclusive à travers une réforme en profondeur du secteur des transports.
Au cœur de ce programme, le Projet de mobilité urbaine durable à Dakar prévoit la mise en place d’un système de transport public intégré, articulant le Réseau Express d’Autobus (BRT) et le Train Express Régional (TER), en y connectant un réseau de bus restructurés et modernisés. Le projet prévoit également l’accompagnement des opérateurs informels, qui assurent encore aujourd’hui une part essentielle des déplacements quotidiens dans la capitale. Ces derniers bénéficieront de programmes de formation, de mécanismes de financement pour le renouvellement de leurs flottes, ainsi que d’un processus progressif de professionnalisation, avec pour objectif une amélioration significative de la qualité de service et de la sécurité des usagers.
Sur le plan technique, le projet s’appuie sur la hiérarchisation des lignes de bus prioritaires, afin de créer un réseau cohérent et efficace, capable de répondre à la forte demande en mobilité tout en réduisant la congestion chronique qui affecte la région de Dakar. L’enjeu est d’optimiser l’intermodalité et de désenclaver des zones urbaines jusque-là mal desservies. L’une des innovations majeures réside dans l’extension du réseau de BRT, avec la planification d’une deuxième ligne, soutenue par des études techniques et environnementales déjà financées par ce nouveau crédit.
À l’échelle macroéconomique, les impacts attendus sont considérables. Selon les projections de la Banque mondiale et de l’ITDP (Institute for Transportation and Development Policy), le système BRT de Dakar, qui prévoit l’exploitation de 144 bus articulés 100 % électriques sur un corridor de 18,3 kilomètres entre le centre-ville et Guédiawaye, devrait transporter jusqu’à 300 000 passagers par jour. Le temps de trajet estimé entre ces deux points passerait de 95 à moins de 45 minutes, générant des gains de productivité substantiels pour les usagers, en majorité issus des classes populaires et des zones périphériques. Le Train Express Régional, complémentaire au BRT, affiche déjà plus de 5 millions de passagers transportés depuis sa mise en service en 2021, et son extension est en cours avec de nouvelles stations prévues dans les prochaines phases.
Au-delà de la dimension sociale, le projet participe aussi à la transition écologique du Sénégal. En effet, la Banque mondiale estime que le nouveau système de transport permettra d’éviter l’émission d’environ 1,2 million de tonnes de CO₂ sur une période de 30 ans, en remplaçant progressivement les véhicules vétustes et polluants actuellement en circulation. Cette approche est alignée sur les engagements climatiques du pays, et renforce sa crédibilité internationale en matière de résilience urbaine et de développement durable.
En soutenant ce projet, les institutions internationales réaffirment leur confiance dans la stratégie de développement du Sénégal. Le financement de 100 millions de dollars s’inscrit dans une dynamique plus large de partenariats publics internationaux, qui pourraient s’intensifier au cours des prochaines années avec l’implication attendue d’autres bailleurs comme la Banque africaine de développement, l’Agence française de développement ou encore la Banque européenne d’investissement.
Ainsi, la capitale sénégalaise, longtemps confrontée à une mobilité désorganisée et énergivore, amorce une mutation structurelle qui pourrait inspirer d’autres métropoles africaines. En conjuguant efficacité, inclusion et durabilité, Dakar aspire à devenir un modèle de référence en matière de mobilité urbaine intelligente sur le continent.
Par Zaynab SANGARÈ
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