La mythique université de Cambridge recèle bien des secrets… Et l’un d’entre eux se dévoile au grand jour ! Un projet d’archivage au sein de la bibliothèque institutionnelle permettait récemment de retrouver un manuscrit ancien étayant des aventures inédites du célèbre mage Merlin, du légendaire roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde.
Presque 1 000 ans après la naissance de Chrétien de Troyes, l’épopée de la quête du Graal continue de s’écrire, ou du moins de se redécouvrir. Au cœur de la bibliothèque de la prestigieuse université de Cambridge, en Angleterre, se dissimulait un manuscrit particulièrement précieux. Rédigé en ancien français, le texte semble se greffer à la Suite Post-Vulgate, un corpus de récits romancés, en prose, composés par des auteurs anonymes à partir du XIIIe siècle de notre ère. Suivant les histoires de Chrétien de Troyes, la Suite est capitale dans la structure des légendes arthuriennes.
Redécouvert en 2019, ce manuscrit fait l’objet d’une attention particulière de la part des universitaires. Comme précisé dans un communiqué de l’institution, seulement 40 textes similaires ont survécu à l’épreuve du temps.
Des récits héroïques écrits à la main durant le Moyen Âge
Le manuscrit de la bibliothèque de Cambridge aurait été produit entre 1275 et 1315. Le XIIIe siècle connaît alors un véritable essor de l’écriture et de l’apprentissage de la lecture en France, tant par le biais des premières universités apparues deux siècles auparavant, que par les évolutions sociétales au sein des villes. Mais comme l’indique l’historien Jean-Christophe Cassard dans L’âge d’or capétien, l’apparition du papier « ne semble pas avoir eu d’effets immédiats ni faciliter […] la production de livres bon marché ». L’écriture de textes était notamment l’apanage des ecclésiastiques, y compris pour les romans populaires.

Le document ci-dessus a été scanné et analysé selon différents spectres afin d’en détecter les anomalies. © Jessica Keating, Université de Cambridge
Les légendes arthuriennes imaginées par Chrétien de Troyes entre 1170 et 1190 acquièrent une popularité inédite venant toucher les classes populaires. Le caractère singulier de ces contes médiévaux font des œuvres majeures de l’histoire européenne. La récente découverte à Cambridge est donc une véritable aubaine pour les spécialistes de la mythologie entourant Camelot et la quête du Graal.
Le manuscrit a subi des dégâts substantiels, ayant été tordu voire déchiré sur certaines pages. Des modifications ont été apportées au support, permettant aux chercheurs d’identifier ses précédents possesseurs, la famille Vanneck d’Heveningham. Des notes en bleu et rouge agrémentent les lettrines sur certaines pages, racontant divers épisodes héroïques des compagnons d’Arthur, dont Gauvain repoussant les Saxons grâce à la mythique Excalibur. Le tout écrit en français, à une époque où la langue anglaise ne s’imposait que timidement sur l’archipel britannique.
La véritable histoire du roi Arthur. © Nota Bene, YouTube
Le laboratoire d’imagerie culturelle de la bibliothèque (Cultural Heritage Imaging Laboratory, CHIL) avait pour objectif d’étudier l’œuvre, sans l’endommager. Une tâche périlleuse pourtant exécutée avec brio, plusieurs pages étant désormais admirables sur le site de l’université. Plusieurs instruments permettaient d’obtenir une imagerie multispectrale du manuscrit, faisant ressurgir des détails effacés par le temps, tels que des sceaux ou des annotations. Une scanographie mettait en exergue la structure du document, ainsi que de potentiels éléments dissimulés.
Pour les plus curieux, il faudra se déplacer à Cambridge pour observer l’ouvrage, conservé sur place. Mais grâce au travail acharné des universitaires, un modèle 3D du manuscrit est manipulable en ligne, et gratuitement !
Par FUTURA
Commentaires