Les troubles du sommeil et l’insomnie pourraient trouver leur origine au cœur de vos intestins. Des chercheurs viennent de mettre en évidence qu’un déficit en certaines bactéries de la flore pourrait avoir des conséquences sur le fonctionnement d’une zone du cerveau impliquée dans l’endormissement.
Au sommaire
- Comment le microbiote agit sur le sommeil
- Une illustration de l’importance de l’axe cerveau-intestin
- En pratique
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Prendre soin des bactéries de son microbiote, en consommant des aliments riches en fibres et en prenant des compléments de bactéries vivantes (probiotiques), fera-t-il un jour partie des solutions naturelles pour lutter contre les troubles du sommeil ? C’est bien possible à en croire une étude menée par des chercheurs de Beijing (Chine) et dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature.
C’est en observant que les souris ayant un intestin « germ free » (artificiellement exempte de micro-organismes) avaient un sommeil complètement perturbé, que les auteurs de cette étude se sont interrogés sur le rôle de la flore intestinale, le fameux « microbiote ».
Ils ont décidé de comparer le microbiote intestinal de bons dormeurs à celui de personnes souffrant d’insomnies. Grâce à des outils de génomique, ils ont procédé à l’analyse fine de l’ensemble des souches bactériennes présentes dans leurs intestins. Résultat : les personnes insomniaques présentent un déséquilibre très net de leur microbiote, appelé dysbiose. Celui-ci est accompagné d’un déficit marqué en bactéries sécrétant un métabolite appelé « butyrate ».
Comment le microbiote agit sur le sommeil
Plusieurs études ont montré que le butyrate est capable de passer dans le sang et d’agir sur une zone du cerveau impliquée dans le sommeil : l’hypothalamus latéral. En modifiant l’activité des neurones de l’hypothalamus, le butyrate favorise ainsi l’endormissement.
Afin de prouver que les problèmes de sommeil provenaient bien de leur microbiote, les chercheurs ont transplanté des échantillons de selles de personnes insomniaques à des souris en bonne santé et sans problèmes de sommeil. Résultat : les rongeurs qui avaient bénéficié de la transplantation fécale ont développé le même type de troubles du sommeil que les donneurs.
Quand les scientifiques ont administré du butyrate aux souris devenues insomniaques, celles-ci ont retrouvé un sommeil de bébé.

Le butyrate issu de la fermentation des fibres par les bactéries intestinales peut agir sur le cerveau. © troyanphoto, Adobe Stock
Ces résultats sont une confirmation que le sommeil dépend de la santé du microbiote intestinal. En 2019, des chercheurs de l’Université de Washington avaient prouvé que le butyrate pouvait déclencher le sommeil en se fixant sur des récepteurs situés dans la paroi du foie ou de la veine porte. En 2020, une étude avait démontré que la sévérité des problèmes de sommeil était liée à la présence ou l’absence de certaines souches bactériennes intestinales, et à l’inflammation – très fréquente chez les insomniaques – engendrée par la dysbiose.
Ce lien entre le déséquilibre du microbiote et les problèmes de sommeil est une parfaite illustration de l’axe intestin-cerveau. Celui-ci permet aux micro-organismes du tube digestif de communiquer avec les neurones et serait impliqué dans des maladies et des troubles aussi divers que l’autisme, la maladie de Parkinson, l’anxiété ou la dépression.
En pratique
Alors avant de vous jeter sur des somnifères, vous pouvez tenter d’améliorer la production de butyrate des bactéries de votre intestin en leur apportant les fibres dont elles ont besoin pour le produire. Celles qui sont issues des flocons d’avoine, des artichauts, des asperges, des poireaux, des oignons ou de l’ail cru sont celles que ces bactéries bénéfiques aiment le plus fermenter.
Par FUTURA
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