Réuni à Dakar, le Comité ministériel du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a tenu, samedi, sa 30e session. À l’ordre du jour : les priorités régionales en matière de lutte contre les flux financiers illicites, l’adoption des rapports d’activités, l’intégration de nouveaux membres et la consolidation des efforts nationaux. Le Sénégal, sorti de la liste grise du GAFI en octobre 2024, y a présenté les grandes lignes de sa future stratégie nationale 2025–2029.
Le secrétaire général du gouvernement sénégalais, Boubacar Camara, a salué une réunion qui intervient à un moment fondamental pour le pays, désormais engagé dans une gouvernance fondée sur la transparence, la redevabilité et un regain de souveraineté institutionnelle. Il a indiqué que le Sénégal travaille actuellement à la mise à jour de son évaluation nationale des risques ainsi qu’à l’élaboration de son plan stratégique pour les cinq prochaines années. Cette feuille de route devrait permettre au pays de préparer l’évaluation mutuelle prévue en février 2026, en alignant son cadre juridique et opérationnel sur les standards régionaux et internationaux.
Le GIABA, organe spécialisé de la CEDEAO, joue un rôle central dans la coordination des politiques de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest. Son directeur général, Edwin W. Harris Jr., a souligné l’importance de maintenir une vigilance accrue, alors que quatre États membres – le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali – figurent toujours sur la liste grise du GAFI. Il a réaffirmé l’engagement du GIABA à soutenir techniquement ces pays pour qu’ils finalisent leur plan d’action et améliorent leur dispositif national.
Au-delà des enjeux nationaux, les participants ont évoqué la suspension temporaire de Sao Tomé-et-Principe, sanctionné pour son défaut de contribution financière et son manque de coopération. Le GIABA attend des clarifications et des engagements du pays pour lever cette sanction. Le directeur général a également alerté sur l’utilisation inappropriée des ressources de la CEDEAO par des États non membres, appelant à une stricte conformité aux règles financières communautaires.
Cette session a été l’occasion de célébrer les 25 ans du GIABA, créé en 2000, ainsi que le jubilé d’or de la CEDEAO, fondée en 1975. Edwin W. Harris Jr. a salué les avancées du GIABA, aujourd’hui reconnu comme un acteur incontournable de la régulation financière régionale. Il a rappelé que l’organisation a finalisé son deuxième cycle d’évaluations mutuelles, avec 17 rapports publiés sur son site officiel, couvrant les 12 pays membres de la CEDEAO ainsi que cinq États partenaires.
Le Comité ministériel, organe suprême de gouvernance du GIABA, regroupe les ministres des Finances, de la Justice et de la Sécurité des États membres. Il se réunit une fois par an pour définir les grandes orientations politiques, valider les rapports de suivi et coordonner les actions communes. À l’issue de cette 30e session, les pays membres ont réaffirmé leur volonté d’unir leurs efforts pour faire barrage aux flux financiers illicites, protéger l’intégrité du système financier régional et renforcer la paix et la stabilité dans l’espace ouest-africain.
Par Zaynab SANGARÈ
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