Dakar – En mars 2025, l’économie mondiale a enregistré une reprise modérée, soutenue par un regain d’activité dans les secteurs manufacturier et des services. L’indice PMI global s’est établi à 52,1 contre 51,5 en février, confirmant une dynamique de croissance, bien que fragile. Cette performance a été tirée par les économies avancées telles que les États-Unis (53,5) et la zone euro (50,9), mais aussi par de solides résultats dans plusieurs grandes économies émergentes, dont l’Inde (59,5), la Chine (51,8) et le Brésil (52,6). Si certains marchés comme le Japon (48,9) et la Russie (49,1) ont connu une contraction, la tendance générale reste orientée vers une expansion modérée de l’activité globale.
Toutefois, le FMI a revu à la baisse ses perspectives pour 2025, anticipant une croissance mondiale de 2,8%, contre 3,3% précédemment. Cette révision s’inscrit dans un contexte de tensions commerciales persistantes et de ralentissement des échanges internationaux, mais souligne aussi une prudence nécessaire face aux risques géopolitiques et inflationnistes. Les économies avancées devraient croître de 1,4% en moyenne, tandis que les marchés émergents afficheraient une performance plus soutenue à 3,7%, confirmant leur rôle central dans le rééquilibrage de la croissance mondiale.
Sur les marchés internationaux, les prix des matières premières ont poursuivi leur repli, avec une baisse de 3,4% en mars, notamment dans les segments énergétique et agricole. Le pétrole Brent a perdu 3,4% pour s’établir à 72,6 dollars le baril, tandis que le gaz naturel européen et les céréales ont connu des baisses respectives de 13,7% et 4,3%. Ce mouvement contribue à contenir les pressions inflationnistes globales, offrant ainsi un répit aux pays importateurs.
Les politiques monétaires ont globalement maintenu une orientation accommodante. En zone euro, la BCE a abaissé une nouvelle fois ses taux directeurs, illustrant une volonté ferme de stimuler l’économie. L’Inde a suivi cette dynamique en réduisant à son tour son principal taux directeur, tandis que la Fed a maintenu une posture attentiste.
Dans ce contexte mondial contrasté, le Sénégal a su démontrer sa capacité d’adaptation et de résilience. L’activité économique interne (hors agriculture et sylviculture) a progressé de 4,5% en rythme mensuel à fin mars, soutenue par une forte dynamique dans les secteurs primaire (+10,9%), secondaire (+6,7%) et tertiaire (+1,2%). Sur un an, la croissance économique s’est consolidée à 6,3%, portée par les performances des industries extractives, du commerce, du transport et des services financiers.
Le secteur secondaire a particulièrement brillé, avec une hausse annuelle de 24,9%, largement tirée par les hydrocarbures et les matériels de transport. Le secteur primaire a affiché une progression soutenue grâce à l’élevage et à la pêche, tandis que le tertiaire, bien que marqué par certaines contre-performances, a bénéficié d’un dynamisme dans les services financiers, l’enseignement et les transports.
Le climat des affaires s’est légèrement amélioré en mars, reflet de la confiance progressive des opérateurs économiques, malgré des contraintes persistantes telles que l’accès au crédit, la concurrence jugée déloyale et la pression fiscale. Notons la progression significative de l’indice de confiance dans le secteur des BTP, stimulée par les perspectives de commandes publiques.
Sur le marché du travail, l’emploi salarié a progressé de 1,3% en variation mensuelle, avec des gains notables dans l’industrie, les services et le commerce. Sur une base annuelle, le tertiaire a largement contribué à la croissance de l’emploi, compensant les pertes observées dans les BTP.
L’inflation est restée contenue, avec une baisse mensuelle de 0,5% en mars, portée par le recul des prix alimentaires, notamment les légumes. En glissement annuel, l’indice des prix à la consommation affiche un léger recul de 0,2%, renforçant le pouvoir d’achat des ménages sénégalais. Les pertes de compétitivité-prix observées en mars (-1,3%) restent modérées et s’inscrivent dans une tendance annuelle globalement favorable (+2,6%).
Le commerce extérieur a enregistré un déficit de 63,0 milliards FCFA, contrastant avec l’excédent du mois précédent, du fait d’un repli conjoncturel des exportations d’huiles brutes de pétrole et d’or brut. Cependant, en glissement annuel, les exportations ont progressé de 44,1%, illustrant le potentiel structurel du pays à consolider ses positions à l’international, notamment au sein de l’UEMOA, où le Mali demeure un partenaire stratégique.
Sur le plan des finances publiques, la mobilisation des recettes fiscales s’est accrue de 10,5%, permettant une amélioration des ressources disponibles malgré un environnement international complexe. Parallèlement, les dépenses publiques ont été contenues (-4%), traduisant une gestion rigoureuse des finances de l’État. L’encours des créances intérieures a progressé, notamment en faveur du financement de l’économie réelle, tandis que la liquidité globale a crû de 8,7% en glissement annuel.
Le Sénégal s’inscrit dans une trajectoire macroéconomique globalement positive en ce début d’année 2025. Dans un environnement international en mutation, le pays fait preuve de robustesse, d’adaptabilité et de bonne gouvernance économique, autant d’atouts qui renforceront sa capacité à saisir les opportunités futures, en phase avec les nouvelles dynamiques de croissance inclusives à l’échelle mondiale.
Par Zaynab Sangarè
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