Il faut s’attendre à des voyages en avion de plus en plus mouvementés, telles sont les conclusions d’une nouvelle étude réalisée par des chercheurs du CNRS et de l’Institut national de géophysique et de volcanologie. L’espace aérien de l’Europe et du Royaume-Uni est celui dans lequel le risque de turbulences a le plus augmenté ces dernières années.
Publiée dans Geophysical Research Letters, l’étude s’intéresse au lien entre le réchauffement climatique et la sécurité aérienne. Les scientifiques ont analysé « 44 ans de données pour comprendre l’évolution des turbulences aériennes en Europe » : des « phénomènes, souvent imprévisibles, [qui] posent des enjeux majeurs pour la sécurité des passagers et les coûts des compagnies aériennes », explique l’un des auteurs, Davide Faranda.
Une menace pour la sécurité des vols
Ces « turbulences, en particulier celles d’air clair, représentent une menace croissante pour la sécurité des vols. L’instabilité des courants-jets, amplifiée par le réchauffement global, élargit les zones touchées par ces phénomènes, augmentant les risques pour les passagers et les équipages ». 71 % des accidents aériens liés à la météo sont causés par des turbulences. Et le problème principal de ces turbulences, c’est qu’il n’y a aucun avertissement avant : malgré les progrès de la météorologie, ces turbulences restent imprévisibles et surprennent toujours.
Les résultats montrent que les turbulences en avion sont en nette augmentation, en particulier dans certaines zones. « Les turbulences d’air clair (CAT) – invisibles et difficiles à prévoir – augmentent considérablement, notamment près des courants-jets subtropicaux et subpolaires, précise Davide Faranda. Entre 1979 et aujourd’hui, la probabilité de turbulences modérées ou fortes (MOG) dans l’air clair a presque triplé, passant de 1,5 % à 4 % dans certaines régions clés. »
Les turbulences d’air clair sont totalement imprévisibles malgré les progrès de la météorologie. © Formoney, Adobe Stock
Trois zones aériennes sont particulièrement touchées : « l’Atlantique Nord, l’Europe du Nord et le bassin méditerranéen, avec des variations saisonnières marquées : plus fortes en hiver, plus faibles en été », explique le chercheur du CNRS. L’espace aérien du Royaume-Uni est celui dans lequel la plus forte augmentation des turbulences a été constatée.
Derrière ce constat, une évidence, il faut trouver des moyens pour prévoir ces turbulences amenées à se multiplier dans le futur. Davide Faranda estime qu’il faut « développer des outils de prévision avancés, capables d’anticiper ces turbulences. Adapter les stratégies de vol pour minimiser les risques et limiter les coûts opérationnels ». En arrivant à mieux comprendre le lien entre changement climatique et circulation atmosphérique, l’avenir de l’aviation sera plus sûr, expliquent les auteurs.
Par FUTURA
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