Le cyclone Chido a frappé Mayotte de plein fouet ce samedi 14 décembre 2024. « Mayotte n’a jamais connu une telle situation », selon le président du Conseil départemental de l’archipel. Le préfet craint, quant à lui, « des centaines de morts ». Pourtant, la puissance de ce phénomène météorologique extrême ne suffit pas à expliquer l’ampleur des dégâts.

Les météorologues l’avaient annoncé avant le week-end : le cyclone Chido se présentait comme l’un des plus violents à avoir jamais frappé Mayotte. Le préfet avait déclenché l’alerte rouge dès ce vendredi 13 décembre au soir. Recommandant ainsi à la population de prendre toutes les mesures de protection possible. Ce stade a été dépassé quelques heures plus tard avec un passage en alerte violette. Enjoignant cette fois la population, et même les services de secours, à rester confinés dans un abri solide.

Les météorologues avaient donc malheureusement vu juste. Le cyclone Chido a frappé Mayotte ce samedi 14 décembre 2024. De plein fouet. Avec des vents soufflants à plus de 220 km/h. Une rafale a même été enregistrée par Météo France à 226 km/h, explosant le précédent record établi à 174,1 km/h.

Et causant des dégâts comparables seulement à ceux qui avaient été enregistrés il y a près de 100 ans, lors du passage sur la région du cyclone Disseli. Un bilan très provisoire fait état de 14 morts.

Mais les autorités craignent d’avoir à déplorer finalement plusieurs centaines de décès.

Chido, un cyclone tout juste majeur sur Mayotte

Pourtant, le cyclone Chido en lui-même n’était pas ce que l’on pourrait qualifier d’historique. Avec des caractéristiques qui le classaient à peine dans la catégorie des cyclones majeurs.

L’ennui, c’est que son « œil » est passé directement au-dessus de l’archipel. La faute à pas de chance pour un territoire aussi petit que Mayotte. Parce que dans le périmètre du « mur » du cyclone qui entoure son « œil », les vents et les pluies sont plus violents. Ainsi, même les habitations construites selon les normes ont subi des dommages.

Mais si le changement climatique – qui intensifie les cyclones – est à blâmer, Christophe Cassou, climatologue coauteur du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) le souligne sur Bluesky, « les racines du désastre sont surtout dans la grande vulnérabilité de ce 101^e département français ». Sur le même réseau social, Magali Reghezza, géographe et membre du Haut Conseil pour le climat, détaille et met en avant « de profondes mutations sociales et spatiales, en lien avec la très forte hausse de sa population, alimentée par le solde naturel et les migrations ».

Avec pour conséquence, le fait qu’en 2018, « 77 % de la population mahoraise vivait sous le seuil de pauvreté ». Résultat, « 40 % de l’habitat sur l’archipel de Mayotte est informel et illégal ». Des logements autoconstruits extrêmement vulnérables aux cyclones. Dont le passage est aggravé par une crise de l’eau – liée surtout à la vétusté des installations ou au sous-équipement – déjà installée et par une forte insécurité. « Mayotte présente donc toutes les caractéristiques d’une forte exposition et d’une grande vulnérabilité, qui explique l’ampleur de la catastrophe. »

Pour couronner le tout, l’archipel est isolé de la France. À 1 400 kilomètres de La Réunion et… 8 000 kilomètres de Paris. Son port et son aéroport – infrastructures critiques s’il en est – sont très exposés en cas de cyclones et même en cas de séismes. Ce qui rend aujourd’hui encore plus difficile l’arrivée de secours. L’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi a d’ailleurs subi d’importants dégâts. Sa tour de contrôle a été détruite. Un pont aérien – et maritime – a toutefois pu être mis en place depuis La Réunion pour acheminer matériels et personnels, ainsi que de l’eau et de la nourriture.

Après avoir dévasté Mayotte, le cyclone Chido s’est dirigé vers le Mozambique. Avec une intensité toujours de l’ordre de celle des cyclones Gombe – qui avait tué 60 personnes dans le pays en 2022 – et Freddy, responsable de 86 décès en 2023…

Par FUTURA