Eau & Terre

200 hectares menacés par les crues du fleuve Sénégal : L’agriculture en péril face au changement climatique

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Les effets du changement climatique continuent de peser lourdement sur les communautés rurales de la vallée du fleuve Sénégal.

Les inondations dans la vallée du fleuve Sénégal, exacerbées par le changement climatique, ont submergé 200 hectares de terres agricoles, mettant en péril les moyens de subsistance des communautés rurales. De Mboyo à Ndouloumadji Dembé, en passant par Woudourou, les producteurs locaux font face à des pertes catastrophiques, tandis que les infrastructures et les systèmes de gestion des eaux peinent à contenir les crues.

Zaynab SANGARÈ, Sénégal

Les effets du changement climatique continuent de peser lourdement sur les communautés rurales de la vallée du fleuve Sénégal. En septembre 2024, cinq périmètres irrigués villageois (PIV) ont été submergés, menaçant directement 75 hectares de terres cultivables dans la région de Mboyo, laissant les agriculteurs désemparés. Cette situation est loin d’être un cas isolé, alors que les inondations dévastatrices deviennent plus fréquentes à travers le pays.

75 hectares sous les eaux et 123 hectares engloutis à Ndouloumadji Dembé et Woudourou

À Mboyo, dans les régions de Goumel, Vélingara et Mboyo 7, 75 hectares de cultures ont été inondés en l’espace de quelques jours. Plus précisément, 40 hectares à Mboyo 4, 20 hectares à Mboyo 3, et 15 hectares à Mboyo 7 sont actuellement sous les eaux, selon les données recueillies auprès d’Aliou Baba Dème, président du Groupement d’Intérêt Économique (GIE) des producteurs locaux. À cela s’ajoutent 11 hectares supplémentaires de terres submergées dans deux autres périmètres, portant le total à 86 hectares directement touchés par les crues. Ces chiffres traduisent une catastrophe économique pour ces producteurs, qui comptaient sur cette campagne agricole pour reprendre leur activité après trois ans d’interruption. Ces inondations surviennent alors que la majorité des terres venaient tout juste d’être réhabilitées, rendant la perte encore plus douloureuse.

Les chiffres ne sont pas moins alarmants dans les villages de Ndouloumadji Dembé et Woudourou, où 123 hectares de périmètres irrigués villageois emblavés en riz ont été submergés. Abdoulaye Mountaga Sall, président de l’Union des producteurs de Ndouloumadji Dembé, rapporte que deux PIV couvrant 75 hectares, ainsi qu’un champ de 18 hectares ont été inondés, affectant directement les moyens de subsistance de 45 producteurs.

À Woudourou, la rupture d’une digue a entraîné la submersion de 9 PIV, engloutissant 30 hectares de terres rizicoles supplémentaires. Les données révèlent que le niveau des eaux dans ces PIV est si élevé que les épis de riz sont invisibles, rendant impossible, toute tentative de sauvetage des cultures. Ces producteurs, tout comme leurs voisins de Ndouloumadji, font face à des pertes économiques considérables, d’autant plus que beaucoup avaient emprunté à la Banque Agricole pour financer leurs opérations.

À Mboyo, 75 hectares de terres sont inondés, impactant trois PIV majeurs (40 ha à Mboyo 4, 20 ha à Mboyo 3, et 15 ha à Mboyo 7), plus 11 hectares dans deux autres périmètres irrigués villageois. Tandis qu’à Ndouloumadji Dembé et Woudourou : 123 hectares submergés, affectant deux villages, dont 75 hectares dans les PIV et 30 hectares supplémentaires à Woudourou après la rupture de la digue.

Ces chiffres soulignent l’ampleur des pertes, avec un total combiné de près de 200 hectares de terres agricoles englouties par les crues du fleuve Sénégal en septembre 2024. Ces données illustrent une tendance alarmante : l’intensification des crues dans la vallée du fleuve Sénégal, attribuée en grande partie au changement climatique. Les épisodes de crues soudaines deviennent plus fréquents et plus destructeurs, mettant à mal les systèmes agricoles traditionnels. Les données météorologiques indiquent que les précipitations annuelles dans le bassin du fleuve Sénégal ont augmenté de manière irrégulière, avec des périodes de sécheresse suivies d’épisodes de fortes pluies. Cette variabilité extrême perturbe non seulement le cycle de l’eau, mais aussi la gestion des infrastructures telles que les digues et les barrages, souvent mal entretenus ou sous-dimensionnés pour faire face aux nouvelles réalités climatiques.

Les données financières liées aux inondations sont tout aussi préoccupantes. Les producteurs des PIV touchés avaient investi d’importantes sommes d’argent dans leurs cultures. À Ndouloumadji Dembé, de nombreux agriculteurs avaient contracté des prêts bancaires pour financer leur campagne rizicole. Les prêts contractés auprès de la Banque agricole (LBA) risquent désormais de ne pas être remboursés, car les producteurs se retrouvent sans récolte et sans revenus. La Banque agricole, principale source de financement pour ces producteurs, fait face à une crise de remboursement. La perte de près de 200 hectares de cultures affecte directement la viabilité des exploitations, entraînant un risque de défaut de paiement massif. En l’absence de mesures d’assurance adéquates, les pertes pourraient s’accumuler dans les mois à venir. Les chiffres sur l’ampleur des dégâts révèlent la nécessité urgente d’une gouvernance climatique renforcée. Les autorités locales et nationales doivent non seulement répondre aux crises immédiates, mais également anticiper ces événements à travers la mise en place d’infrastructures de protection adaptées aux nouveaux risques climatiques.

Selon les données, plus de 40 % des périmètres irrigués villageois de la région sont vulnérables aux crues annuelles. Le renforcement des digues et la réhabilitation des systèmes d’irrigation sont des priorités pour limiter l’impact des futures inondations. Des solutions telles que les assurances agricoles contre les sinistres et l’amélioration des infrastructures de drainage pourraient offrir une bouée de sauvetage aux producteurs.

L’avenir de l’agriculture dans le bassin du fleuve Sénégal en question

Face à ces défis, les chiffres laissent entrevoir un avenir incertain pour l’agriculture dans la région. Alors que les crues se multiplient, la perte de terres cultivables menace la sécurité alimentaire de milliers de familles, tout en augmentant la pression économique sur les communautés rurales. La saison agricole 2024, qui devait marquer un tournant après plusieurs années difficiles, se transforme en une nouvelle tragédie. Les données de cette crise rappellent une réalité alarmante : l’agriculture de la vallée du fleuve Sénégal est désormais en première ligne face aux effets du changement climatique. Si des actions concrètes ne sont pas prises rapidement, les hectares perdus lors de ces crues risquent de devenir la norme, mettant en péril les moyens de subsistance de toute une région.

Deux cents (200) hectares de terres agricoles inondés en seulement quelques semaines en 2024. Près de 45 producteurs touchés à Ndouloumadji Dembé et 9 périmètres irrigués submergés à Woudourou. Et soixante-quinze (75) hectares de terres agricoles totalement perdus à Mboyo, Goumel et Vélingara.

Ces chiffres soulignent l’urgence d’une réponse à la crise climatique qui menace l’avenir de l’agriculture dans la vallée du fleuve Sénégal.

Zaynab SANGARÈ

(Afrik Management/ Septembre 2024)

admin
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