Sur toute la planète, les femmes ne sont malheureusement pas égales aux hommes face au travail. Or, bien souvent, le niveau d’égalité des genres vis-à-vis du travail est un bon indicateur de la santé d’un pays. Certains s’améliorent, comme en Tanzanie, d’autres régressent toujours plus, comme en Afghanistan.
ÉTATS-UNIS
Discrimination non genrée
Depuis déjà quelques années, une petite guerre se déroule qui oppose une flopée de législateurs du parti Républicain anti-LGBT à des travailleur·ses gays, lesbiennes, bisexuel·les, non genré·es, etc. victimes de discrimination au travail. En 2016 déjà, une loi votée dans l’État de Caroline du Nord avait fait grand bruit. La loi HB2 – surnommée la loi des toilettes – prévoyait notamment que les transgenres aient interdiction d’utiliser les toilettes du genre auquel ils s’identifient, H ou F. Inévitablement, de nombreux employeurs se sont servis de cette loi pour licencier des employé·es membres de la communauté LGBT.
Si l’affaire était un peu retombée depuis 2016, 2021 aura été une année record pour les dépôts de nouveaux projets de lois anti-LGBT – plus de 130. Comme en France, deux camps se font la guerre, avec répercussion sur le marché du travail. L’Associated Press estime que la Caroline du Nord pourrait perdre 3,76 milliards de dollars sur dix ans à cause de cette « loi toilettes ». Mais en octobre 2021, un jugement de la Cour suprême est tombé : impossible de virer un·e employé·e uniquement parce qu’il·elle est gay, transgenre ou même bisexuel·le. Chose qui était jusque-là possible dans plus de la moitié des États du pays !
Qu’en penser ? Au vu de la vitesse fulgurante – plus grande que jamais – à laquelle la culture américaine traverse l’océan Pacifique pour gagner l’Europe, il ne serait pas étonnant que les Français·es connaissent bientôt le même conflit. Peut mieux faire.
TANZANIE
Du leadership culturel
Enfant, la journaliste Mzuri Issa a subi des discriminations parce qu’elle était une femme, elle a également vu sa mère en subir. En grandissant, elle a donc naturellement voulu s’impliquer pour aider les femmes africaines, notamment en faisant évoluer l’image de la femme leader. Comme elle le dit, « ils sont encore nombreux à croire que les femmes ne peuvent pas et ne doivent pas devenir des leaders, surtout en politique, et ils basent ces croyances sur la religion ».
Grâce à un financement de l’ONU, Mzuri Issa travaille depuis 2010 avec des chefs religieux et des communautés locales afin de faire évoluer les attitudes et les vieilles pratiques qui entravent la liberté des femmes. Elle arrive ainsi à sensibiliser son pays à la question du leadership des femmes. Mzuri Issa travaille également avec les grands médias du pays pour les inciter à produire des reportages qui mettent en avant des femmes leaders, présentées dans des fonctions diverses. En 2020, 50 journalistes ont ainsi été formé·es afin de promouvoir le leadership des femmes, et plus de 250 reportages ont été diffusés.
Qu’en penser ? Dans les zones les plus sinistrées de l’égalité femmes-hommes, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. L’égalité au travail pour les femmes africaines devra passer par l’égalité tout court, mais il faudra d’abord faire évoluer les mentalités. Effort à poursuivre
LUXEMBOURG
L’égalité relative
Lorsqu’on parle égalité des genres chez les travailleur·ses luxembourgeois·es, il ne faut pas tout mettre dans le même panier. D’un côté du spectre, le pays affiche les écarts de salaire les plus faibles entre les hommes et les femmes. Selon Eurostat, en 2019, la rémunération des travailleuses luxembourgeoises n’était « que » de 1,3 % inférieure à celle des hommes du pays, alors que ce chiffre grimpe à 14 % quand on étend à l’ensemble de l’Union européenne. Mais de l’autre côté du spectre, bien que les femmes soient payées plus justement, il apparaît qu’elles sont en revanche moins représentées à des postes de direction.
En 2020, ce sont donc seulement 27 % des postes de dirigeants qui sont occupés par des femmes – toutefois, le Luxembourg est l’un des rares pays européens où se décomptent plus d’hommes que de femmes. En complément de ce résultat mitigé pour l’égalité de travail, il faut également relever que le pays ne dispose d’aucune obligation de diversité pour les entreprises privées, contrairement à la France ou l’Allemagne.
Qu’en penser ? Au Grand-Duché, si l’on considère les femmes et les hommes quasi-égaux vis-à-vis du salaire, c’est une autre paire de manches quand il s’agit de savoir « qui dirige ». Progrès attendus.
AFGHANISTAN
Ministère du vice
On ne va pas se mentir, il n’a jamais été facile d’être une femme afghane qui souhaite travailler. Mais depuis l’arrivée au pouvoir des talibans en 2021, c’est encore une autre histoire. S’il fallait autrefois du courage aux femmes pour exercer leur métier là-bas, il leur est aujourd’hui devenu presque impossible d’y parvenir. Avocates, enseignantes, femmes modernes, simples travailleuses, ont dû quitter les bureaux et n’ont plus d’autre choix que d’être réduites à des femmes au foyer. Enfermées sous leur burqa, puis dans leur appartement, il est devenu impossible pour elles de gagner leur vie et de s’émanciper.
Le ministère des Femmes (!) a d’ailleurs été remplacé par le tristement célèbre ministère de la Prévention du vice (!!), qui avait déjà fait beaucoup de mal aux femmes durant les précédents régimes talibans. Sous l’emprise de ce sinistre ministère, le seul travail que les Afghanes ont le droit d’exercer sont des travaux forcés de nature sordide. Pour le moment, les femmes sont sommées de rester à la maison, jusqu’à ce qu’une « ségrégation adéquate » soit décidée. Doux Jésus !
Qu’en penser ? Si les données relatives au travail des femmes sont un indice de santé sociale d’un pays, on peut légitimement dire que l’Afghanistan est le pays le plus dangereusement rétrograde de la planète. Il faut réagir, vite.
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