« Fourmidable »… Utiliser la lumière du Soleil pour s’orienter le jour, et faire de même avec la Lune la nuit. C’est ainsi que s’orientent les fourmis taureaux, et c’est la première fois qu’il est démontré qu’une espèce de fourmis nocturne utilise le modèle de polarisation de la lumière de la Lune pour trouver son chemin une fois la nuit tombée. De quoi inspirer les noctambules…
Vous êtes au cœur d’une immense et dense forêt, le jour touche à sa fin, l’atmosphère est tendue. Vous vous trouvez derrière la ligne de départ d’une course qui durera toute la nuit, où s’affrontent… humains et fourmis. Ça y est, il fait noir, le chronomètre est lancé. Les nuages masquent la lumière de la Lune, vous ne faites que vous perdre. Les fourmis, quant à elles, pointent toutes leurs balises et arrivent les premières au petit matin, loin devant vous et les autres humains, encore perdus en pleine forêt. Cauchemar où réalité ?
LE SAVIEZ-VOUS ? LE BOUSIER S’ORIENTE GRÂCE À LA LUMIÈRE… DE LA VOIE LACTÉE. ON VOUS EN PARLE DANS CET ÉPISODE DE BÊTES DE SCIENCE. © FUTURA
Les boussoles célestes
Le Soleil, comme la Lune, émet de la lumière (jusque-là, je ne vous apprends rien). Cette lumière est constituée d’ondes qui vibrent dans des directions différentes. En entrant dans l’atmosphère, elle devient polarisée, ce qui signifie que les ondes s’alignent dans la même direction. De nombreux animaux peuvent détecter cette polarité dans la lumière du Soleil et l’utiliser pour s’orienter ; quant à la Lune, elle produit un motif analogue, mais il est un million de fois plus faible que la lumière du Soleil. Même si ces éléments sont masqués par les nuages, la canopée d’une forêt ou encore l’horizon, ils fournissent des informations sur l’orientation grâce au motif de lumière polarisée qu’ils produisent ou bien réfléchissent. Encore faut-il percevoir cette
Myrmecia midas et la lumière polarisée
Des chercheurs de la Macquarie University en Australie se sont intéressés à plusieurs espèces de fourmis nocturnes afin de comprendre comment elles parvenaient à retrouver leur fourmilière une fois le Soleil couché, et leurs résultats ont été publiés le 10 avril 2024 dans la revue bioRxiv. Les chercheurs ont découvert qu’une espèce de fourmis taureaux (Myrmecia midas) détectent la lumière polarisée tout au long du cycle lunaire, même lors des phases de Lune croissante avec faible luminosité. L’expérimentation a montré que ces fourmis ajustent leur orientation en réponse à des rotations expérimentales de cette lumière polarisée, ce qui indique une intégration de ce signal dans leur système de navigation, semblable à l’utilisation de la lumière solaire polarisée durant le crépuscule. La lumière polarisée leur donne ainsi une idée de la direction de leur fourmilière par rapport à la Lune, mais ne leur donne cependant pas leur position exacte, ni la distance qu’elles doivent parcourir pour retourner à leur fourmilière. Elles associent donc généralement la direction qu’ils obtiennent à partir de la polarisation de la lumière à d’autres informations liées à la mémorisation par exemple.
Les humains, quant à eux, n’ont pas évolué pour distinguer clairement la lumière polarisée et non polarisée. Si vous vous attendiez à un tutoriel sur les boussoles célestes, je suis navrée de vous décevoir : il va falloir trouver une autre astuce pour gagner les fourmis lors de vos prochaines courses d’orientation nocturnes !
Par Futura Science
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