À l’ère du numérique, les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont devenues des outils puissants pour révolutionner la gouvernance dans le monde entier. En Afrique, un continent où l’intersection entre les structures traditionnelles de gouvernance et les défis contemporains est particulièrement marquée, l’impact des TIC peut être considéré comme à la fois transformateur et à plusieurs niveaux. En ce mois de mars 2024, votre magazine – Afrik Management – vous plonge dans l’univers de quelques avancées technologiques (Sucess stories) ayant contribué à l’amélioration de la Gouvernance numérique en Afrique.
Par Emmanuel Dulac HOUSSOU, Bénin
L’Afrique fortement engagée dans la gouvernance numérique
La gouvernance numérique, également connue sous le nom de e-gouvernance ou de gouvernement électronique, fait référence à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) par les gouvernements pour améliorer et transformer leurs processus de gouvernance à la fourniture de services publics de qualité, rapides et accessibles aux citoyens. L’avènement des TIC a ouvert de nouvelles voies pour relever ces défis.
En utilisant les TIC, les gouvernements peuvent automatiser les processus administratifs, réduire les délais de traitement et améliorer la qualité des services fournis aux citoyens. La gouvernance numérique implique souvent l’adoption de diverses technologies telles que les sites web gouvernementaux, les applications mobiles, les réseaux sociaux, les systèmes de gestion électronique des documents, les bases de données en ligne, et d’autres outils pour faciliter la communication.
Par exemple, au Bénin Pascal Nyamulinda, Directeur général de l’Agence nationale pour l’identification des personnes (ANIP), a procédé au lancement officiel de l’application mobile « anip.bj ». L’objectif est de faciliter l’acquisition des documents administratifs, de vérifier leur authenticité, de mieux gérer les cas d’anomalies de données d’identité, les plaintes et réclamations. Cette innovation dans le secteur de l’état-civil, entre dans le vaste programme gouvernemental d’amélioration de la qualité des services publics offerts aux populations. En outre, la possibilité a été donnée aux Béninois de la diaspora de bénéficier des services publics du pays sur le portail national ou la plateforme de l’Anip http://eservices.anip.bj.
Par ailleurs, au Rwanda, la plateforme « Irembo » a numérisé plus de 98 services publics, simplifiant les processus de l’enregistrement des naissances aux transferts de terres. Cette initiative a permis d’abaisser considérablement les barrières bureaucratiques, d’endiguer la corruption en minimisant les interactions humaines dans la prestation de services, et d’accroître l’efficacité en réduisant les délais de traitement.
Les TIC au service de la transparence et de la redevabilité
Les interventions des TIC se sont révélées prometteuses pour accroître la transparence, essentielle à la bonne gouvernance. Au Nigeria, la plateforme « Budeshi » relie les budgets aux données relatives aux marchés publics afin de garantir l’accès des citoyens aux informations sur les contrats publics. Ce faisant, elle a renforcé la responsabilité et permis à la société civile de suivre les dépenses du gouvernement par rapport aux résultats attendus, ce qui constitue une étape concrète dans la lutte contre la corruption. Par exemple, le système de gestion financière intégrée (IFMIS) en Ouganda automatise les processus de gestion financière du gouvernement.
Les TIC aident à la mise sur agenda étatique des problèmes sociaux
La participation des citoyens est un autre aspect essentiel de la gouvernance. Les TIC jouent un rôle déterminant en amplifiant des voix qui n’étaient pas entendues auparavant. La plateforme kenyane « Ushahidi », qui était à l’origine un outil permettant de cartographier les rapports de violence après les élections, est devenue une application mondiale de collecte et de visualisation de données sur diverses questions. Cet outil permet aux citoyens de participer directement à la gouvernance en signalant des problèmes, ce qui incite les autorités à être plus réactives. Les TIC permettent ainsi d’amplifier la voix des citoyens pour susciter l’attention des gouvernants.
La fracture numérique encore persistante malgré les avancées
Malgré les progrès accomplis, le véritable potentiel des TIC dans l’amélioration de la gouvernance n’est pas encore pleinement exploité. Des problèmes tels que la fracture numérique, le manque d’infrastructures et l’insuffisance des connaissances en matière de TIC doivent être résolus. Les Etats africains y travaillent à travers de vastes programme « classe numérique, semaine du numérique, etc. » pour réduire la fracture numérique dans leur pays. En outre, les nations africaines doivent faire preuve de prudence face à la protection des données numérique à l’air du « tout digital », en encourageant des politiques publiques qui favorisent l’accès tout en protégeant les droits.
Le rôle des TIC dans l’amélioration de la gouvernance dans les pays africains présente un paysage rempli d’opportunités et d’obstacles – la fracture numérique. Des investissements stratégiques dans l’infrastructure technologique, associés à des politiques qui encouragent l’innovation et protègent les droits des citoyens, peuvent mettre les TIC au service d’une gouvernance plus efficace, plus participative et plus transparente.
Emmanuel Dulac HOUSSOU
(Afrik Management/ Mars 2024)
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