Dans la perspective de la Journée internationale du 25 novembre, l’énergéticien Engie lance une vaste campagne de soutien au 3919, la plateforme téléphonique d’appel et d’orientation destinées aux femmes victimes de violences. Contrairement aux idées reçues, les employeurs ont un rôle à jouer sur ce sujet.
Nous voulons ouvrir la voie pour que toutes les entreprises du CAC 40 s’engagent contre les violences faites aux femmes ! » Elisabeth Richard, directrice des relations avec la société civile chez Engie, et à ce titre chargée de veiller à ce que les femmes trouvent leur juste place au sein du groupe, est de longue date investie sur ce sujet. A quelques jours de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes du samedi 25 novembre, elle s’est assuré du soutien de la directrice générale de l’énergéticien, Catherine McGregor, pour lancer une vaste campagne de sensibilisation.
Mobilisation depuis le Grenelle des violences conjugales
Toute la semaine, dans les médias et sur les réseaux sociaux, s’affichera le message suivant : « On a plus de 200 000 raisons de soutenir le 3919. » Pourquoi 200 000 ? C’est le nombre de femmes touchées par ces violences familiales l’an dernier, dont 118 qui en sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Un chiffre qui ne baisse quasiment pas, puisque 122 féminicides avaient été décomptés en 2021. Quant au 3919, il fait référence à la plateforme téléphonique d’écoute et d’orientation des victimes de violences sexistes et sexuelles.
Créé en 1992, ce service qui au départ ne répondait ni le soir, ni le week-end, est devenu accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 depuis 2021, une des mesures préconisées par le Grenelle des violences conjugales organisé par le gouvernement en septembre 2019. « Depuis trois ans, ce numéro figure sur toutes nos factures », rappelle Elisabeth Richard.
Avec la nouvelle campagne qui démarre ce 20 novembre, l’entreprise fait un pas de plus pour s’engager dans la lutte contre ces violences. « Il ne s’agit pas d’aller chercher de nouveaux clients dans le gaz, mais de pouvoir se regarder dans la glace », souligne la dirigeante.
Derrière le Covid, une véritable « pandémie fantôme »
A priori, les violences conjugales ne semblaient pourtant pas devoir concerner les entreprises : le sujet est longtemps resté tabou, dans le secret du huis clos familial. Arrivant peu après le mouvement #Metoo de 2017, « la crise du Covid a tout changé », explique Elisabeth Richard. Les confinements, durant lesquels travail et vie privée n’ont plus été séparés pendant de longs mois, ont fait exploser les violences conjugales partout dans le monde, indique ONU Femmes. Et cela, alors même qu’avant la pandémie, une femme sur trois devait déjà « affronter de la violence physique ou sexuelle venant principalement d’un partenaire intime ». C’est ce que l’organisation internationale a nommé « la pandémie fantôme ».
Cet épisode a permis aux entreprises de comprendre que c’est bien en leur sein qu’une partie non négligeable de ces agissements est révélée. Depuis, différentes actions ont été imaginées par le secteur privé pour prêter assistance aux femmes victimes de violences conjugales, dont le lancement du réseau européen OneinThreeWomen, cofondé par la Fondation Agir contre les exclusions (FACE) et la Fondation Kering.
La prise de conscience des DRH
A la demande de ce réseau, une première étude avait montré que 24 % des salariées des entreprises interrogées ont déjà pris des congés après avoir subi ce type de violences, et 55 % en ont été affectées dans leur travail. Dans la foulée, en 2020, 14 grands groupes signaient une Charte contre les violences conjugales dont Carrefour, Publicis, Orange ou encore SNCF.
Selon une étude rendue publique en 2022 par l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), 42 % des victimes de violences domestiques ont partagé leurs difficultés avec leurs collègues ou leurs supérieurs. Des chiffres qui mettent en évidence le rôle central que peuvent avoir dans la lutte contre les violences conjugales, à condition qu’elles soient vraiment déterminées à le faire.
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