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Emigration irrégulière : le Sénégal met officiellement en place un plan stratégique de lutte contre le fléau

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L’émigration est l’épine au pied de tous les pays de l’Afrique subsaharienne. Certainement, le sujet le plus délicat  pour beaucoup dechefs d’Etat africains, en ce sens qu’il implique la frange la plus sensible et valide de sa population. Les jeunes ont repris de plus bel le chemin de l’atlantique à la recherche d’un « utopique » eldorado sous d’autres cieux. Dans cette recherche frénétique de rallier l’Europe, une partie de la jeunesse africaine est en train de payer cher de sa vie. Le Sénégal, en particulier, a connu ces dernières semaines un bilan macabre près d’une vingtaine de jeunes sont morts noyés lors du chavirement de leur embarcation au cours d’une vaine tentative de rallier les îles Canaries. Le gouvernement  du Sénégal avec un « sursaut d’orgueil » a décidé de dérouler un plan stratégique de lutte contre l’émigration clandestine.

« La lutte contre la migration irrégulière est un effort collectif de tous les acteurs de la société. En travaillant ensemble, nous pouvons créer un environnement propice au développement, à la stabilité et à la prospérité pour ainsi dissuader les jeunes de risquer leur vie dans des migrations irrégulières », c’est en ces termes que le premier ministre sénégalais Amadou Ba s’est prononcé sur ce fléau. C’était lors d’une cérémonie de lancement d’une stratégie en matière de gestion de la migration irrégulière. Pour la première fois, le Sénégal se dote de ce plan de gestion de la migration irrégulière. Ceci malgré les différentes péripéties de ce fléau. Le plan de lutte contre la migration irrégulière s’étale sur dix ans et il sera financé par l’Etat du Sénégal et ses partenaires. Il est baptisé stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière ( SNLMI). Ce plan vise à réduire de manière drastique le phénomène à l’horizon 2030. Les mesures prévues sont : la prévention, la gestion des frontières, des mesures de répressions contre les convoyeurs, des mesures d’aide, d’assistance et de protection, le retour et la réinsertion des migrants. « Il apparait nécessaire de démultiplier les initiatives et de nous fixer de nouveaux ojectifs afin d’améliorer nos résultats », a laissé entendre, le ministre de l’intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome, présent à la présentation du document.

Recrudescence des départs émaillés de pertes en vies humaines

Les départs depuis les côtes sénégalaises se sont accrus ces derniers mois. Il se ne passe un jour sans que des cas de départ ne soient signalés à Saint-Louis, Dakar, Mbour et Kafountine. Ce sont les quatre lieux de rassemblement et de départ des convoyeurs de migrants les plus connus dans le pays.

La migration clandestine repose sur un vaste réseau de circulation humaine avec des sites de départ, de transit et d’arrivée. Ce fait est de notoriété publique. De l’avis de Cheikh Omar Ba et Alfred Iniss Ndiaye, enseignants –chercheurs en sociologie à l’université Gaston Berger de Saint-Louis ( Sénégal), dans une de leur publication dans le réseau scientifique de recherche et de publication sur l’émigration clandestine Terra HN, c’est par « le hasard de la géographie, la Mauritanie devint à la fin des années 1990 l’un des principaux centres de transit des migrants clandestins ouest-africains vers l’archipel des îles Canaries, distante de 800 km de ses côtes. » Cet itinéraire va connaitre une surveillance beaucoup plus rigoureuse, à partir de 2006. Car l’union européenne avait renforcé le contrôle de ses frontières. Une fois encore, renseignent Dr Ba et Dr Ndiaye « d’autres alternatives furent trouvés par les passeurs avec l’exploitation des côtes sénégalaises, gambiennes et cap-verdiennes plus éloignées de l’Espagne. Le trajet est long et périlleux à partir de Saint-Louis (7 à 10 jours de mer) d’où la grande fréquence des naufrages des frêles embarcations, munies seulement de GPS et dépourvues de tout système de sécurité. »

Au chapitre des catastrophes le Sénégal a encore enregistré un énième drame. Une pirogue de migrants a chaviré au large de Dakar avec un bilan de 15 morts. Auparavant, un bateau a chaviré à Saint-Louis au nord du Sénégal dans la première quinzaine du mois de juillet de cette année. Ce drame a fait au moins 14 morts. Sur ce, la marine marocaine a porté secours près de 900 migrants irréguliers dont la majorité sont de l’Afrique subsaharienne. Selon toujours la marine du royaume chérifien « 400 parmi ces migrants étaient dans ses eaux territoriales. » De plus, la police sénégalaise a interpellé 530 personnes, candidats à l’émigration clandestine. Et d’après le ministre Abdou Karim Fofana et porte-parole du gouvernement « la police a déféré 47 convoyeurs et saisi 9 pirogues, depuis le début de l’année. La gendarmerie a mis la main sur 195 personnes dont 173 sénégalais ».

Le Sénégal est-il victime de sa position ?

Le Sénégal de par sa position géographique constitue un point de départ idéal des migrants vers les îles Canaries. Le trafic a repris de plus belle et il semblerait qu’il se porte à merveille. Car selon l’OIM, entre janvier et juin 2021, 6952 individus ont atteint les îles Canaries de manière irrégulière après une traversée en bateau depuis les côtes d’Afrique de l’Ouest. Selon toujours l’organisation, les arrivées ont augmenté de 156% par rapport à la même période en 2020.

D’après un article, (paru dans le réseau scientifique de recherche et de publication Terra-HN) des docteurs Cheikh Omar Ba et Alfred « l’émigration clandestine des ouest-africains vers l’Espagne a généralement emprunté deux principaux itinéraires : l’itinéraire mixte terrestre-maritime et l’itinéraire maritime. »

L’émigration clandestine, depuis ses années fastes au Sénégal constitue un casse-tête pour l’Etat. Les solutions pour empêcher les jeunes à risquer leur vie dans « le ventre de l’Atlantique » ont été nombreuses. Parmi lesquelles l’on peut citer : le plan Reva (retour vers l’agriculture) du président Abdoulaye Wade, le Prodac (programme des domaines agricoles communautaires) de Macky Sall. Mais jusque-là, les jeunes ont les yeux rivés sur cette vaste étendue d’eau salée qui mène vers « l’eldorado). Vers l’Europe plutôt.  

Babou Landing Diallo

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