Developement & RSEEcoles & Formations

Agriculture innovante avec des équipements ultramodernes : à la découverte du DAC de Sefa en plein cœur du Pakao au Sud du Sénégal

0

C’est l’un des domaines agricoles le plus dynamique du pays. Partout il est cité en exemple. Tant sa réussite et son rayonnement ont suscité admiration. Le Dac de Séfa dans la région de Sédhiou au Sud du Sénégal fait la fierté de ses acteurs et même d’autres. Voyage au cœur du domaine agricole de Sefa. 

 

Nous commençons notre voyage en admirant les paysages enchanteurs de la campagne. Des champs verdoyants s’étendent à perte de vue, parsemés de fleurs sauvages et de rizières. Nous sommes bien en Casamance au sud du Sénégal, dans la plaine du Pakao, un lieu riche en histoire.

 Les champs de maïs occupent une grande partie de la superficie. Tout un décor panoramique à vous couper le souffle, invitant à la contemplation et à la détente. 

Bienvenue dans la magnifique zone rurale au cœur du Dac de Sefa, niché entre les communes de Koussy et Diendé. Ce DAC repose sur une superfie de 1950 ha. Le temps d’une journée, nous explorons les merveilles de ce domaine agricole communautaire. Les cultures variées pratiquées sous serre et les champs de maïs ondulant au gré du vent en cette matinée créent un tableau pittoresque qui évoque la tranquillité et la sérénité. 

Nous sommes dans un cadre typiquement rural.  En foulant le sol du cœur du Dac de Sefa, le visiteur reste subjugué par ces vastes étendues de terres dédiées à des activités agricoles. C’est d’ailleurs l’esprit du Prodac. Puisque le concept de ce programme se veut « procéder d’une démarche d’aménagement du territoire pour doter,  surtout l’intérieur du pays, d’infrastructures agricoles et d’aménagements structurants permettant la mise en valeur de grands domaines allant de 1000 à 5000 ha d’un seul tenant ». Ainsi donc, les domaines agricoles communautaires (DAC) sont des espaces aménagés et équipés dans une localité donnée pour y développer l’agriculture au sens large du terme, aux bénéfices des populations tant locales que venues d’autres régions. Aujourd’hui le dac de Sefa depuis son installation est devenue la vitrine du Prodac. 

Un lourd et moderne matériel agricole.  Des tracteurs,  des semoirs et des engins de toutes sortes sont rangés sous un grand hangar. Bref, c’est le parc de matériels agricoles. Un garage mécanique avec des ouvriers qui s’affairent autour d’un tracteur. « Ils ont l’œil », comme on dit. Eux sont chargés du dépannage de ces gros engins. « Ils sont tous fonctionnels », nous renseigne notre guide du jour M, Souané, le chargé de communication du Dac de sefa. Les va- et -vient incessants des tracteurs renseignent sur l’intensité des activités.  Des moteurs qui vrombissent. Des agents rigoureusement concentrés sur leur sujet. « Ici on ne badine pas avec le boulot », renseignent certains visages qui ne se laissent pas égayer. A chacun son sujet. Et la leçon est bien sue. Un silence qui parle aux visiteurs du jour. Ici chacun est occupé à faire son boulot. Les bureaux sont bien disposés dans un même local dans une disposition conviviale. Au milieu une case servant de lieu de récréation et même d’échanges professionnelles. Des allées bien entretenues. C’est un milieu propice à la réflexion et à la production.

Dans l’amphithéâtre, nous assistons à un cours magistrale. Il est dispensé aux jeunes incubés venus de toutes les contrées du Sénégal. Ils sont aux nombre de 150 répartis entre les Dac de Séfa, Itato et Keur Momar Sarr (accueillant chacun 50 jeunes) pour cette session. L’un d’eux nous narre ses impressions : « je suis réellement très content et motivé d’être à ce lieu. Je suis en train d’apprendre énormément de choses.». Les visages tendus, ils écoutent religieusement le chargé du cours. 

 

Des équipements ultra modernes

« Ce Dac est la vitrine du Prodac. Je dirai même qu’il est devenu l’ADN de la région. Si je peux me permettre », souffle M. Souané. « Qui parle de Sédhiou pense toute de suite au Dac de Sefa et vice versa », rajoute-t-il. 

Pour faire du DAC de Sefa une vitrine du programme des domaines agricoles communautaires l’Etat du Sénégal n’a pas lésiné sur les moyens. Des composantes aux services en passant par les équipements et infrastructures rien n’a été laissé au hasard. Locaux administratifs, salles de classe, laboratoire et centre médical, station météorologique, réservoir d’eau ((1000 m3×3) la liste est loin d’être exhaustive.

Du côté des services nous avons : la formation continue des exploitants agricoles, transfert de connaissances et assistance technique, traitement phytosanitaire, service post-récolte etc.

A la rencontre du personnel d’un personnel dévoué 

Nous découvrons leurs activités et la journée ordinaire de ce personnel dévoué pour la pérennité de ce joyau. «  Je suis tellement fière de ce Dac que même si je ne travaillais pas ici je garderai cette fierté. Le simple fait que des produits de ce Dac soient vendus sur le marché à des prix accessibles me rend heureuse. C’est un impact social considérable. Le kilogramme de carpe se vend à 2000 francs sur le marché nous le revendons à 1500 francs », ces termes sont de Ndèye Fatou Gomis, pensionnaire du Dac.

Chaque employé rencontré nous explique avec enthousiasme son travail. Le cœur rempli de joie, certainement, de faire partie des acteurs de cette succes story. Certains sont devenus des passionnés de la terre. Des jeunes à qui rien ne prédestinait à la culture de la terre. Parmi eux le jeune Wouri Diallo, l’un des pionniers du Dac de Séfa. Il a été formé en pisciculture au point qu’il est aujourd’hui indispensable dans le centre piscicole. Aujourd’hui, il vit une passion. 

Au cœur du centre piscicole, Woury Diallo est notre guide. Il nous embarque dans les méandres de ce vaste espace dédié à la pisciculture. C’est tout un processus bien élaboré et bien maitrisé qui se joue ici. D’après Woury Diallo, un des responsables de la ferme piscicole. 

Nous assistons à une science de démonstration et aux secrets de la pisciculture. Nous sommes dans l’écloserie. Ici sont recueillis les alevins qui naturellement devront passer par un processus avant d’atteindre leur maturité. 

Dans la production animale nous avons un poulailler qui accueille des dizaines de milliers de sujets. Des poules pondeuses dans un environnement bien épanoui sont alignées dans des grilles. Un peu à quelques mètres, nous retrouvons l’enclos pour l’élevage des ovins et des caprins. « Les moutons sont partis paitre dans la plaine. Ce sont eux que vous apercevez là-bas », nous explique le gestionnaire de cet endroit. Avec la production animale, l’objectif est de pouvoir d’ici peu alimenter toute la région de Sédhiou non seulement en moutons de Tabaski mais également en viande. 

 

Au-delà nos produits sont devenus une marque identitaire. Pour chaque cycle, il y a des tonnes de produits qui sortent du Dac, environ 5 tonnes par variété et par cycle. Ces variétés dont les plus en vue sont le poivron, la tomate, le concombre, l’aubergine etc. 

Dans la boutique du Dac de Sefa tôt ce matin au quartier Mory Counda de Sédhiou. Elle est tenue par des femmes vivant avec un handicap. Cette boutique ravitaille une partie du marché de la ville en produits frais de toutes sortes venant directement du Dac de Sefa. « Ces produits », nous confie  une des tenancières « sont très prisés par les habitants du fait de leur qualité et du prix abordable ». A l’intérieur de la boutique, concombre, tomate, et aubergine sont bien rangés sur des étagères. Le lieu est accueillant. Cette boutique selon M. Souané est devenue une référence dans la commune. « Nos produits sont en quelque sorte une marque déposée », rajoute-t-il.

Les communes de Koussy et Diendé accueillent la majeure partie des incubés du DAC et même des travailleurs saisonniers. Madame Sakho a quitté Bignona. Elle fait partie de l’équipe chargée de la mise en marché et de la distribution des produits du DAC. « Je suis de Bignona. Je travaille ici depuis quelques années et j’exhorte les jeunes à venir ici ne serait-ce que pour voir ce que nous faisons ici. Je pense avec ce qui se fait ici, les jeunes gagneraient mieux à venir tenter leur chance ». 

Crée en 2014 le programme national des domaines agricoles (Prodac) a entre autres objectifs la création de 300 mille emplois. Le DAC de Séfa fidèle à son statut de Dac leader est en train de remplir ce rôle. Depuis sa création, il accueille des milliers de jeunes pour les former et les accompagner dans leurs activités d’entreprenariats agricoles. Le temps d’une journée dans le vaste Dac de Séfa a permis aux visiteurs de constater les potentialités qu’offre ce domaine agricole communautaire. 

Il revient ici de long en large sur les différents atouts dont dispose le domaine agricole communautaire Séfa. Il  invite également la jeunesse sénégalaise à saisir les opportunités qu’offre ce modèle du programme national des domaines agricoles (PRODAC).

« Pour entreprendre le jeune a besoin du matériel. A cet effet, nous disposons de 13 tracteurs. Nous avons également d’autres accessoires qui permettent au jeune entreprenur de labourer, semer, pulvériser sans grandes difficultés. Tout ce matériel agricole entre dans le cadre de l’accompagnement des jeunes dans l’entreprenariat agricole. Le Dac de Sefa compte plus de 200 groupements d’entrepreneurs agricoles (GEA). Chaque GEA compte aussi 5 à 25 membres.

Nous avons par ailleurs mis en place beaucoup d’infrastructures. Au niveau de la pisciculture nous avons 80 bassins sans compter l’écloserie. Elle permet de recueillir des alevins qu’on redistribue aux entrepreneurs qui sont partout en Casamance pour leur permettre de mener à bien leurs activités piscicoles.

Nous avons des infrastructures de dernière génération qui permettent aux gens de produire toute l’année. Nous avons des cultures en plein champs et des cultures en serre. Chaque serre a une superficie de 500 m3. Ce qui nous permet durant l’hivernage de fournir de la tomate dans toute la Casamance. Puisque nous disposons d’infrastructures qui nous permettent de produire durant cette saison. La nurserie c’est pour faire les pépinières.

Du côté de la production végétale nous disposons de 50 ha sous pivot. Nous cultivons de la pomme de terre, de l’oignon. Nous travaillons avec le système goutte-à-goutte au niveau des serres. L’avantage des serres est que nous pouvons cultiver à toutes les saisons et nous avons à notre disposition 6 ha de serre. Dans la formation des jeunes nous intégrons également la culture de serre.

Nous avons aussi une nurserie pour les pépinières. Ces pépinières nous les mettons également à la disposition des jeunes. Au-delà, nous avons deux chambres froides. Elles permettent aux producteurs de conserver leurs produits jusqu’à écoulement total.

Nous avons notre laboratoire dédié à l’analyse des sols. La salle de formation a une capacité d’accueil de 100 jeunes. Les forages sont également au nombre de 6. Et il ne faut pas oublier que le Dac a une superficie de 1950 ha.

Cette année nous avons 2 unités autonomes d’exploitation.  Nous avons aussi 3 grands magasins où nous stockons les engrais, les semences etc.

Nos tracteurs nous les mettons souvent à la disposition des femmes dans les rizières. Et cela leur permet d’augmenter considérablement leur rendement. 

Parole à Jean Charles Séraphin Badji, chef du DAC de Séfa


Présentation du centre de formation et de services agricoles (agricultural services and training center ASTC)  une des vitrines du DAC de Sefa

Situé dans le département de Sédhiou, le domaine agricole communautaire de Séfa est à cheval entre les communes de Koussy et Diendé. Il polarise 45 villages. Pour son implantation dans la plaine du Pakao, les deux communes ont délibéré 1950 ha.

Le Dac de Séfa dispose d’un centre de formation et de services agricoles, communément appelés « cœur de DAC ». Dans ce lieu sont concentrés la plupart des infrastructures et des équipements.

Le centre de formation et de services agricoles ou agricultural services and training center (ASTC) est un concept développé par l’entreprise green 2000 LTD. Ce centre a en charge la réalisation des travaux du DAC. Il est spécialisé dans la conception, l’implantation et la gestion de projets agricoles.

En outre, l’ASTC s’est assigné entre autres missions d’améliorer la performance et la rentabilité des entrepreneurs agricoles en les transformant en exploitants commerciaux par un accès aux connaissances, aux services et aux marchés. L’ASTC est également un centre d’incubation pour les futurs jeunes entrepreneurs agricoles.

Tableau 1 synthèse des composantes et services de l’ASTC

composantes Equipements et infrastructures services
Centre de formation et de services (cœur de DAC)
  • Locaux administratifs ; 
  • Salles de classe, laboratoires et centre médical ;
  • Station météorologique ;
  • Ateliers d’emballage ; Entrepôts (chambre froide) ; Atelier mécanique ; 
  • Unité de traitement d’eau potable ; 
  • Réservoirs d’eau (1000 m3×3) ; Station de pompage ; 
  • Centrale électrique et réservoirs de carburant ;
  • Parc de matériels agricoles (tracteurs, semoirs, …).  
  • Formation continue des exploitants agricoles, transfert de connaissances et assistance technique ; 
  • Accès à des intrants agricoles de qualité tels que semences, engrais, pesticides et outils ; 
  • Prestations de services du parc de mécanisation agricoles (Préparation du sol, Semis, Fertilisation, Traitements phytosanitaires, Récolte) ;
  • Services post-récolte (égrenage, transport, stockage, conservation, emballage, …) ;
  • Analyses de sol, d’eau et de pathologie végétale ;
  • Productions de données agrométéorologiques ; 

Visites et stages pédagogiques

Parcelles de démonstration
  • Pivot central ;
  • Serres ;
  • Ombrières ;
  • Tunnels de serre ;
  • Pépinière de jeunes plants ;

Cultures en plein-champs

  • Productions de jeunes plants destinés aux exploitations ; 
  • Productions légumières, fruitières et céréalières tout au long de l’année ; 

Incubation de groupements d’entreprenariat agricole (GEA).

  • Station piscicole
  • Magasin de stockage d’aliments ; 
  • Bâtiment technique (laboratoire, écloserie) ;
  • Formation en pisciculture ;

Incubation des GEA piscicoles ;

  • Station d’essai de cultures
  • Parcelle de 

Ha de cultures en plein-champs

  • Test de variétés de cultures ;
  • Test de variétés d’engrais ;

C’est dans ces vastes étendues de terres que Jean Charles Séraphin Badji fait ses humanités. Lui, l’ingénieure agronome de conception spécialité économie et sociologie rurales. Il est la tête pensante du Dac de Sefa. D’un commerce facile, cela lui n’enlève à rien sa rigueur dans le travail. « Il est un adepte du travail bien fait. Et le sens de l’honneur dans ce qu’il fait », nous souffle un de ses collaborateurs.

Avide de savoir le jeune ingénieur ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Il est également titulaire d’un MBA en agrobusiness et en management et développement des chaines de valeurs agricoles et agroalimentaires. C’est fort ce bagage intellectuel que l’ingénieur dirige avec brio le Dac de Sefa. Sur son tableau de chasse figure une thèse de doctorat en business administration de l’UPV Montpellier 3.

Au Dac de Séfa, il est en terrain conquis. Son histoire avec le PRODAC remonte en 2017 alors qu’il était encore étudiant à l’ENSAE de Thiès. C’est entant que stagiaire qu’il est entré au Prodac. Aujourd’hui, il est assure le top management du Dac de Sefa. Un lieu qu’il connait comme sa poche.  C’est avec fierté qu’il évoque et invoque son passage au Prodac. « Je suis un pur produit du Prodac », nous lance-t-il avec un brin de fierté. « Je rends au Prodac ce qu’il m’a donné. C’est le moins que je puisse faire », rajoute-t-il avec une voix empreinte d’émotion.

Jean Charles Séraphin Badji : une tête  bien pleine et bien faite au top management du DAC de Séfa

admin
Soutenez votre média indépendant de management : abonnez-vous à Afrik Management au service des individus et des organisations ! À 15 €/An A compter de février 2024, accédez à des contenus exclusifs sur et naviguez pour 15 € par an seulement ! Notre mission en tant que média de management ? Rendre le savoir accessible au plus grand monde. Nous produisons chaque jour nos propres articles, enquêtes et reportages, le tout à taille humaine. Soutenez-nous dans cette démarche et cette ambition.

Comment David et Victoria ont fait de leur famille la marque « Beckham »?

Previous article

Une augmentation accrue des naufrages en chiffre

Next article

Commentaires

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You may also like