Les recherches en économie du bonheur montrent que l’incitation à « bien agir » est plus efficace que l’appel au sacrifice, observe, dans une tribune au « Monde », l’économiste Francis Munier.
La réponse au changement climatique est souvent considérée comme un sacrifice, un effort et une dépense qui conduisent à une perte de bien-être. La seule issue serait de consentir à renoncer à des plaisirs pour sauver la planète. Urgence climatique et émotionnelle forment aujourd’hui un couple délétère.
Selon l’institut Gallup, le ressenti de passions tristes telles que la colère, l’angoisse, l’inquiétude et la tristesse a fortement augmenté depuis le début de cette décennie. L’écoanxiété, les mains collées et les actions militantes dans les musées véhiculent autant d’images fortes de ressentiment.
Le rapport du GIEC sur le changement climatique et le World Happiness Report ont été publiés le même jour, le 20 mars 2023. A nos yeux, cela est bien plus qu’une simple coïncidence éditoriale. En effet, les recherches en économie du bonheur appliquées aux questions environnementales semblent suggérer a contrario une relation positive entre comportement vert et bien-être subjectif. Elles dressent ainsi une perspective beaucoup plus optimiste.
L’idée d’un « hédonisme soutenable »
Il s’agit donc de comprendre et de s’approprier ces résultats pour en dégager un possible nouveau « double dividende ». Cette expression désigne habituellement l’hypothèse selon laquelle les recettes fiscales environnementales induisent un bénéfice provenant d’un environnement plus propre et d’une réduction des distorsions dues aux taxes préexistantes. Elle désignerait cette fois le fait qu’adopter des comportements écologiques rend aussi plus heureux !
C’est l’idée d’un « hédonisme soutenable », selon l’expression d’Orsolya Lelkes, chercheuse au laboratoire d’innovation sociale Social City, à Vienne. Cela est d’autant plus vrai lorsque les coûts monétaire et non monétaire (temps consacré et effort) sont importants, selon Thilo Haverkamp et ses collègues.
La participation à des activités pro-environnementales coûteuses conduit à une plus grande satisfaction que de prendre une douche froide, comme le souligne avec humour la psychologue Kate Laffan, de la London School of Economics.
Action environnementale et croissance économique
La satisfaction est une mesure intéressante, mais elle omet la nuance entre bonheur hédoniste (émotions positives et plaisirs) et bonheur eudémonique (qui reflète notamment un sentiment
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