Leadership

Biais d’optimisme : de la surestime de soi à la sous-estime des échecs

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Smiling businessman sitting in office looking out of window

La liste des biais cognitifs s’allonge de jour en jour ! De quoi mieux comprendre le fonctionnement de l’être humain dans un contexte professionnel. S’il est d’usage de penser que l’herbe est toujours plus verte ailleurs, et bien le biais d’optimisme semble inverser la tendance. Subtil mélange de l’effet Dunning Kruger et de positivité irréaliste, le biais d’optimisme se fonde principalement sur la comparaison avec autrui.

Quelle est la définition de ce biais cognitif ? Comment se manifeste-t-il en entreprise ? Quels sont ses effets ? Comment le maîtriser ? Explications.

Le biais d’optimisme : qu’est-ce que c’est ?

Le biais d’optimisme est également appelé l’optimisme comparatif. Il devient alors assez simple de comprendre de quoi il s’agit véritablement. Le biais d’optimisme se définit comme la tendance qu’a un collaborateur de surestimer la probabilité que des événements positifs lui arrivent, et sous-estimer la probabilité que des événements négatifs lui arrivent. En bref, il pense – à tort- qu’il est capable du meilleur et que le pire n’arrive qu’aux autres.

Ainsi, cet excès de confiance peut pousser un collaborateur à penser qu’il parviendra à faire la différence sur un projet, que LUI aura une prime tandis que les autres n’en auront pas. Il pourra même croire qu’il sera évidemment choisi comme manager à terme, ou que son projet ne sera jamais refusé par sa hiérarchie.

Cet optimisme irréaliste, et inconscient, est donc proche de l’effet Dunning-Kruger en cela qu’il donne la sensation que le collaborateur pense mériter mieux que les autres. Qu’il est à l’abri, qu’il ne risque rien.

Les managers sont souvent touchés par le biais d’optimisme puisqu’ils ont l’envie profonde de mener à bien des projets avec une équipe motivée, soudée. Etant leader de leur équipe, ils ont ce devoir d’embarquer tout le monde dans un projet et surtout de leur montrer la voie à emprunter. Il n’est donc pas rare que le manager ait le sentiment qu’une ligne droite vers le succès attende ses collaborateurs. Pourtant, malheureusement, des embûches vont survenir pour atteindre les objectifs pouvant avoir de graves conséquences.

Le biais d’optimisme est le alors mélange de deux « moi » :

  • Le moi futur, celui qui parle : je me projette et souhaite atteindre un objectif en lequel je crois. J’ai un super plan. OPTIMISME
    • Exemple : « Je vais écrire trois livres blancs en un mois ».
  • Le moi présent, celui qui fait : je doute, j’émets des réserves, je me rends compte que ce n’est pas si simple que cela. REALITE
    • Exemple : « Je pense qu’il vaut peut-être mieux partir sur un seul livre blanc ce mois-ci ».

On comprend donc que l’optimisme n’est pas synonyme de réalisme.

Le biais d’optimisme en entreprise : comment se manifeste-t-il ?

Au sein de votre entreprise, vous constatez peut-être que certains collaborateurs sont extrêmement enjoués à l’idée de proposer de nouvelles idées. Ils s’engagent même parfois à tenir des délais qui vous semblent irréalistes ou trop justes pour une charge de travail bien trop importante.

D’autres vous promettent monts et merveilles, en deux jours top chrono, et reviennent rapidement vers vous pour vous annoncer que… non finalement, appeler 340 prospects en 2 jours n’est vraiment pas possible. Quand il s’agit d’un problème d’attitude, ils assurent qu’ils vont faire des efforts, pourtant, le naturel revient vite au galop…

L’optimisme comparatif veut alors, surtout dans le monde du travail où l’ego entre en jeu et une certaine compétitivité naît, que l’on pense toujours faire mieux que untel ou unetelle.

Peut-être même que vous-aussi, êtes sous le coup de cet optimisme irréaliste lorsque vous vous donnez des objectifs trop ambitieux que vous finissez toujours pas revoir à la baisse.

Posez-vous les bonnes questions pour savoir si oui ou non vous êtes en proie au biais d’optimisme :

  • Atteignez-vous toujours vos objectifs initiaux ?
  • Revoyez-vous vos objectifs ou vos plans régulièrement, à la baisse ?
  • Respectez-vous votre to-do-list ou ajoutez-vous des tâches au fil de la journée ?
  • Finissez-vous ce à quoi vous vous êtes engagé ?

Ce biais cognitif peut donc jouer sur l’estime que les collaborateurs ont d’eux-mêmes car ils ne se sentent finalement pas capable d’atteindre des objectifs. Dès lors, ils recommencent à se comparer et se sous-estiment. D’ailleurs, la sous-évaluation des risques qu’ils encourent peut même les amener à ternir leur image ou faire face à des sanctions diverses et variées ou  de la part de leur hiérarchie et donc tomber de très haut ! Manque de motivation, anxiété, déprime, perte de sens, l’effet boule de neige peut s’initier très rapidement lorsque les échecs s’accumulent ou que les résultats obtenus sont toujours moins importants que ceux espérés.

L’optimisme comparatif en entreprise : comment s’en prémunir ?

Faire preuve d’optimisme est une bonne chose en entreprise. Cela créé une dynamique intéressante et motivante pour vous mais aussi pour votre équipe. Il est toujours plus simple d’embarquer tout le monde quand on croit au projet que l’on vend aux autres.

Voici toutefois quelques clés pour vous prémunir de ce biais cognitif et surtout de ses effets :

  • Avoir une idée du temps alloué à ce projet sur la semaine ;
  • Fixer des objectifs SMART ;
  • Apprendre à connaître votre efficacité de sorte à ce que vous puissiez vous fixer des objectifs atteignables ;
  • Noter ce que vous faites chaque jour et préparez ensuite un planning d’actions de semaine en semaine pour identifier si vous parvenez à cocher toutes les cases, à en faire plus ou moins sur le long terme ;
  • Superviser votre équipe ou faites des points réguliers pour identifier les zones de blocage ;
  • Créer une routine d’actions laissant alors le temps de vous occuper de vos projets, de faire face aux imprévus, sans vous sentir dépassé ;
  • Apprendre à tenir les autres informés de l’avancement d’un projet, à chaque étape clé pour maintenir la confiance, la motivation et l’engagement des équipes.
  • Savoir se remettre en question pour identifier les axes d’amélioration sur la gestion des projets. Cela passe aussi par la formation et la communication avec les collaborateurs.
  • Eviter de se comparer aux autres : vous n’êtes pas eux, ils ne sont pas les autres. Chacun agit selon son expérience, ses capacités, son organisation, sa personnalité, il n’y a pas de vérité unique.

L’optimisme en entreprise est une bonne chose dès lors qu’il est mesuré et mesurable. Faire des plans est essentiel, et les réussir encore plus ! Mais pour autant, il s’agit de prendre conscience de ses capacités, de ses forces et de ses faiblesses pour se fixer des objectifs ambitieux mais toujours réalistes. Cela donne l’occasion de s’améliorer, de conserver un haut niveau de motivation et d’estime de soi.

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