Faute d’approvisionnement en produits chimiques, le groupe français cesse provisoirement la production de concentré d’uranium sur place. Il estime toutefois que la sécurité d’approvisionnement de ses clients n’est pas à risque.
Les conséquences du coup d’Etat au Niger commencent à paralyser l’activité du spécialiste français de l’extraction et de l’enrichissement de l’uranium, le groupe Orano. Vendredi, l’ex-Areva a annoncé la mise sous « maintenance anticipée » de son usine de Somaïr, faute d’approvisionnements suffisants pour faire tourner le site.
« Le site de la Somaïr a été amené à aménager l’organisation du travail en anticipant ses activités de maintenance initialement programmées pour début 2024, en raison de l’amenuisement de ses stocks de produits chimiques », a détaillé Orano, pointant l’impact des sanctions commerciales imposées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Niger et la fermeture des frontières.
Arrêt de la production de concentré d’uranium
Concrètement, cela signifie la mise à l’arrêt de la production de concentré d’uranium sur place – le fameux « yellowcake » – qui est commercialisé auprès de clients électriciens afin d’être converti et enrichi, en vue de la fabrication de combustible destiné à des centrales nucléaires. Orano précise toutefois que la mine de Somaïr (détenue à 37 % par l’Etat du Niger) est « toujours en pleine activité » et que le travail de ses salariés et d’une partie de ses sous-traitants est maintenu.
Orano exporte traditionnellement son concentré d’uranium vers le Bénin, puis vers la France ou le Canada, via environ quatre à six transports par an. Dans ce contexte, Orano écarte toutefois tout risque de pénurie d’uranium.
« Nous ne sommes pas dans une situation d’urgence à court terme. Cette nouvelle organisation […] nous donne de la visibilité jusqu’à la fin de l’année », souligne le groupe qui estime que la sécurité d’approvisionnement de ses clients est assurée grâce « la diversification géographique de ses zones d’implantation ».
Le Niger, deuxième fournisseur de l’Union européenne
« Une année normale, Orano produit 8.000 tonnes d’uranium, dont 5.000 proviennent du Canada, 2.000 du Kazakhstan et 1.000 du Niger », avait expliqué le PDG du groupe, Philippe Knoche, lors de la présentation des résultats semestriels d’Orano cet été.
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A l’échelle globale, le Niger ne représente plus que 4,7 % de la production mondiale d’uranium. Il a été relégué au septième rang des producteurs, derrière le Kazakhstan (43 %), le Canada (15 %), la Namibie (11 %) et l’Australie (8 %). Selon les données de l’Association mondiale du nucléaire, seulement 2.020 tonnes d’uranium ont été extraites en 2022 au Niger sur une production mondiale estimée à 48.888 tonnes.
Pour l’Europe et la France, la dépendance est néanmoins plus forte. Selon les chiffres d’Euratom, le Niger était le deuxième fournisseur d’uranium de l’Union européenne en 2022. Pour la France en particulier, le Niger représente 15 à 17 % des importations reçues ces dix dernières années.
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