L’extraction artisanale de l’or au Sénégal, concentrée dans les régions de Kédougou et Tambacounda, soulève des enjeux majeurs à la fois économiques, environnementaux, et sanitaires. Différents rapports, dont celui de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) 2018, mettent en lumière les multiples facettes de cette activité.
Par Zaynab SANGARÈ, Sénégal
Production artisanale d’Or : Kédougou et Tambacounda en tête
Le rapport de l’ANSD de 2018 dénombre 6.170 unités d’extraction d’or à Kédougou et 102 à Tambacounda, tandis que 1.337 unités se consacrent au concassage et broyage, et 1 216 unités à l’orpaillage alluvionnaire. L’étude montre l’importance de cette activité pour ces régions, surtout Kédougou, principal centre de l’orpaillage artisanal.
Par ailleurs, en octobre 2019, l’Onu a produit un rapport selon lequel 25.000 orpailleurs travaillent à Kédougou contre 6.000 à Tambacounda. Le rapport de l’Onu indique que l’orpaillage utilise environ 5,2 tonnes de mercure par an réparties entre 3,9 t/an à Kédougou et 1,3 t/an à Tambacounda, soulignant l’usage intensif de cette substance toxique.
Impact environnemental : L’usage du mercure
L’orpaillage informel entraîne une pollution importante, notamment à travers l’usage du mercure. Le rapport de l’Onu de novembre 2019 estime qu’en 2018, environ 3 952,31 kg d’or ont été extraits par les orpailleurs, nécessitant 5 261,76 kg de mercure. Le ratio moyen d’utilisation de mercure par rapport à l’or est d’environ 1,34/1 au Sénégal, un chiffre alarmant pour l’environnement.
La situation est d’autant plus préoccupante que la Falémé, rivière traversant les deux régions, est directement impactée. Des rejets miniers venant également du Mali augmentent la pollution par mercure, comme le souligne un rapport de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) de 2012. Le diagnostic réalisé par l’OVMS en 2019 confirme l’insuffisance des capacités de prélèvement et d’analyse de métaux lourds dans ces zones, rendant difficile une gestion efficace de la qualité des eaux.
Dégradation du réseau hydrologique
Le réseau hydrographique de la Falémé, essentiel à ces régions, subit une pression constante due à l’orpaillage. L’étude de C. Faye (2017) montre des tendances inquiétantes concernant la variabilité des débits de la rivière. Les stations hydrologiques de Kidira, Gourbassy et Fadougou enregistrent des débits variables, avec une lame d’eau moyenne reçue variant entre 948 mm à Kidira et 1235 mm à Fadougou.
L’extraction artisanale de l’or au Sénégal, notamment dans les régions de Kédougou et Tambacounda, joue un rôle économique crucial mais impose une lourde facture environnementale. L’utilisation massive du mercure, la pollution des eaux et l’impact sur le réseau hydrologique nécessitent des actions concertées pour réduire les effets néfastes de cette activité. Les données collectées à travers divers rapports montrent l’urgence de mesures adaptées pour encadrer cette exploitation tout en préservant les ressources naturelles et la santé des populations locales.
Zaynab SANGARÈ
(Afrik Management/ Septembre 2024)
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