Le développement durable est une notion apparue dans les années 1980. Elle correspond à l’émergence des consciences concernant l’importance de l’écologie. La stratégie d’entreprise s’est peu à peu tournée vers le concept de « durabilité » avant de se l’approprier. Aujourd’hui, la RSE – responsabilité sociétale des entreprises – prend une place toujours plus importante au sein des différents services structurant les sociétés, incluant de facto cette notion. Le management se doit de prendre le pas avec un management durable.
Parce qu’en effet, un des leviers permettant sa mise en place consiste à favoriser un management qui soit durable. La question est donc dans un premier temps de savoir ce qu’est le « management durable », en quoi il consiste, et comment il s’intègre aux autres domaines de la RSE ? Dans un second temps, nous tenterons de savoir comment le mettre en place efficacement, puis évaluerons son importance au sein de l’entreprise
Qu’est-ce que le management durable ?
Dans un rapport de l’Union européenne, on peut lire que le développement durable consiste « à améliorer, de manière continue, la qualité de vie et le bien-être des générations présentes et à venir, en établissant des liens entre le développement économique, la protection de l’environnement et la justice sociale. »
Le management durable est un système de management qui consiste donc, par l’intermédiaire des ressources humaines, à mener à bien cette politique de développement durable au sein des entreprises.
Ces dernières s’accordent cependant difficilement sur une définition commune.
Dans un rapport publié par l’Union européenne, le Think Tank Pour la Solidarité le définit comme « une gestion économe des ressources » visant « à être socialement responsable, tout en recherchant un fonctionnement respectueux de l’environnement ».
Enfin, dans le rapport publié par le CVP¨T, on peut lire que le management durable est « un levier de la RSE qui permet d’ancrer une culture de performance durable dans les comportements managériaux. »
Issu du développement durable, le management durable est donc un outil de responsabilité sociale des entreprises. Il permet de gérer les ressources humaines de manière optimale dans le respect de leur dignité, entendue au sens très large. Le tout dans une logique de croissance économique performante.
Le management durable et les autres domaines de la RSE
La Commission européenne définit la RSE comme l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes.
Le management durable permet, en tant que « levier » de cette notion, de s’assurer entre autres du bien-être des salariés en veillant au respect des droits de l’homme en général, des genres, en combattant la discrimination, et en veillant à la sécurité au travail et à l’hygiène vis-à-vis des employés.
Selon le Think Tank cité plus haut, le management durable tend à une meilleure organisation. Il « ne demande pas forcément de moyens supplémentaires » à la différence d’autres aspects de la RSE qui seraient plus onéreux.
En tant qu’éco-conception du management, le management durable implique de revoir ses relations. Que ce soit auprès des fournisseurs, des sous-traitants en général, des clients, mais surtout auprès des ressources humaines. L’idée est que ces dernières soient optimisées et puissent orienter collectivement l’entreprise vers des mesures qui soient durables.
Les outils permettant sa mise en place
Il existe différentes méthodes permettant la mise en place d’un management durable qui sont efficaces.
out d’abord, il ne faut pas avoir peur du changement ni de « casser les vieux modèles » hiérarchiques.
Ensuite, il est important de faire preuve d’adaptabilité, et d’être à l’écoute du personnel. D’ailleurs, les protocoles de recrutement peuvent notamment faire l’objet d’un renouveau, afin d’améliorer le taux de rétention des salariés. De nouveaux services peuvent voir le jour, tels que des Comités Santé Environnement, afin de piloter cette nouvelle stratégie.
Enfin, la communication doit être au cœur des priorités de l’entreprise. Certaines d’entre elles doivent d’ailleurs répondre à des obligations légales de transmission d’informations non financière sur ce sujet, afin de montrer l’impact des politiques mises en place.
Favoriser de nouveaux comportements managériaux
Le management durable est en fait un concept qui va à l’encontre du schéma d’entreprise classique connu par les générations précédentes. Il permet de mettre en avant l’épanouissement individuel et de contourner le caractère purement unilatéral des relations professionnelles.
En favorisant l’intelligence collective, il encourage la collaboration. Il valorise les ressources humaines, sans les épuiser, et grâce à une diversité de talents mis en avant.
Le management durable, l’innovation et la flexibilité
Certains professionnels du management durable conseillent de mettre en place un système d’auto-évaluation qui soit confidentiel. Ainsi est-il possible de favoriser l’implication des salariés, et de s’assurer de leur bien-être au travail.
Un questionnaire de satisfaction relatif aux mesures prises pourrait servir à moduler les actions, proposer des actions à venir, et prendre des mesures concrètes en cas de réponses non satisfaisantes.
Le management « agile » permet ainsi de repenser les méthodes de management classiques parce qu’il s’adapte et s’affranchit des processus.
Le recrutement et le taux de rétention
Le recrutement peut notamment être repensé, valorisant davantage les qualités intrinsèques des futurs salariés, ainsi que les compétences interpersonnelles. Il s’agirait donc de repenser chaque dossier de candidature.
Des réponses aux questions relatives au télétravail et à la flexibilité des rémunérations peuvent notamment être apportées dans l’intérêt de l’employé, du futur salarié et de l’employeur.
Des formations relatives à la RSE et au management durable pourraient également être bénéfiques au personnel comme aux responsables de l’entreprise. Ainsi, pourraient-ils bénéficier d’une pédagogie adéquate et approfondie à ce sujet.
Repenser le système organisationnel
L’entreprise peut mettre en place – si elle en a les moyens –un service dédié qui permette d’établir un plan d’action de politique RSE efficace au travers d’un management durable.
Par exemple, certaines sociétés ont pris l’initiative de mettre en place un Comité Santé Environnement (CSE), c’est-à-dire un lieu d’investigation où l’on réfléchit collectivement et où l’on réunit tous les acteurs relatifs à cette notion.
Le CSE devient alors l’organisateur de la politique de responsabilité sociale et environnementale et du management durable permettant son application. Il devra se réunir régulièrement. Ceci afin de dresser des bilans, évaluer l’impact des actions menées à bien et établir de nouveaux objectifs. Un tel comité pourrait également proposer des formations continues bénéfiques et surtout adaptées aux ressources humaines.
Le management durable peut également être incité par la mise en place d’un poste à temps complet ou à mi-temps. Ce sera en fonction de la taille de l’entreprise et/ou de l’ampleur de la tâche. Ce poste pourra être celui de « responsable qualité et environnement » afin de coordonner les actions à mener.
L’importance du collectif et de la communication
Différents canaux de communication existent au sein des entreprises. Les courriels ainsi que le téléphone sont souvent favorisés, au détriment d’une réunion en face à face. Or, les salariés et les êtres humains en général ont besoin de contact physique. Le message est mieux retenu, car il a plus d’impact.
Rappelons l’importance de la dimension collective de cette démarche. Le management durable, par l’intermédiaire des RSE, ne peut fonctionner que si l’ensemble du personnel tend vers un objectif commun. Les leaders à l’initiative de cette démarche se doivent de convaincre et de mener à bien un schéma opérationnel préalablement établi.
L’ensemble du personnel se doit d’être impliqué pour que les résultats soient concrets et l’impact réussi. Il est donc primordial de faire circuler l’information de manière opérationnelle au sein de la société afin que tout le monde se sente concerné.
Le management durable s’épanouit notamment au travers de guides du salarié afin qu’il puisse comprendre l’importance de la durabilité de l’entreprise et les objectifs RSE fixés par elle.
Au travers de démarches participatives, les salariés auront indéniablement un sentiment d’appartenance, ce qui participera à un « esprit corporate » renforcé.
Obligation légale pour les grandes entreprises
La directive 2014/95/UE oblige certaines grandes entreprises et certains groupes à établir une déclaration non financière comprenant des informations relatives au moins aux questions d’environnement, aux questions sociales et de personnel, de respect des droits de l’homme et de lutte contre la corruption.
Dans leurs rapports annuels aux actionnaires, nombreuses sont les entreprises à s’enorgueillir d’avoir pu mettre en œuvre des politiques relatives au management durable.
Bien que seules les sociétés de taille conséquente soient concernées, il semblerait que les PME voire TPE puissent tirer profit d’une telle politique de management durable, dont les avantages sont non négligeables.
L’importance du management durable
L’impact positif du management durable est difficilement quantifiable. Néanmoins, il permettrait de faire baisser l’absentéisme, le nombre d’accidents du travail, ainsi que celui des personnes en arrêt maladie.
En outre, nombreuses sont les entreprises à avoir constaté une augmentation du niveau de productivité. Notamment pour ce qui concerne le développement commercial, grâce à l’amélioration continue de la performance globale.
L’objectif du management durable est de faire en sorte que les employés se sentent bien au travail, tout simplement. L’idée consiste également à fidéliser les employés, à faire en sorte que leur engagement au sein de l’entreprise soit plus important et de concourir à une performance qui soit meilleure et globalisée.
Cela permet, de manière générale, de pérenniser le cycle de vie de l’entreprise et d’améliorer la performance économique.
L’économie sociale est indéniablement un secteur d’avenir, aussi bien pour le secteur public que pour les groupes, les PME et les PMI du secteur privé.
Par Jean Marie KONE
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