Les Femmes cheffes d’entreprises mondiales (FCEM) se réunissent en Congrès pour trois jours à Paris, à partir de ce jeudi 16 novembre. Objectif : faire progresser la part des femmes dans l’entrepreneuriat, dont elles ne représentent que 5 % actuellement dans le monde.
Plus de 700 adhérentes de l’organisation Femmes cheffes d’entreprises mondiales (FCEM) sont réunies pour trois jours à Paris : après Berlin (2012), Taipeh (2014), Cancun (2016) ou Marrakech (2022), l’événement revient en France à partir de ce jeudi 16 novembre, où est né le mouvement, en 1945, à l’initiative d’Yvonne Foinant, industrielle à Hayange (Moselle).
« Notre vocation est de promouvoir les femmes cheffes d’entreprise, ce qui suppose une dimension de lobbying, mais aussi de leur permettre de réseauter et de créer des liens entre elles pour leur business », souligne Marie-Christine Oghly, première Française élue présidente de l’organisation depuis les années 1950.
« Economie circulaire, digitalisation et woman empowerment »
Ces femmes engagées ne sont pas au bout de leurs peines, car selon une étude réalisée en 2021 par ONU Femmes, le genre féminin ne représente que 5 % des chefs d’entreprise en moyenne mondiale. Proportionnellement plus nombreuses en France, elles restent néanmoins loin de la parité, puisqu’elles ne constituent que 30 % de la population des entrepreneurs. « En France, nous comptons 2 000 membres, représentant plus de 100 000 salariés », précise Anouk Déqué, qui préside FCE dans l’Hexagone.
Pour leur 70e congrès mondial, les FCEM souhaitent faire progresser le rôle des femmes dans le monde des affaires. L’organisation, qui compte actuellement 70 pays membres, en accueillera 16 nouveaux à l’occasion de ce congrès, dont la Bulgarie, l’Egypte, les Emirats arabes unis, ou encore la Grèce et le Mali.
Au programme, « l’économie circulaire, la digitalisation et le woman empowerment en mettant l’accent sur le développement de la confiance », souligne Marie-Christine Oghly. Car le monde a beaucoup changé depuis l’époque de la pionnière, Yvonne Foinant. Née en 1892 et décédée à 98 ans, celle qui fut une des rares femmes « maître de forges » avait, comme d’autres, pris les rênes de l’entreprise familiale pendant la Première Guerre mondiale, avant de les reprendre en 1928, au décès de son mari. Elle a marqué le monde de l’économie en menant un combat précurseur.
Du mentorat et des actions solidaires
Car cette forte personnalité a ouvert de nombreuses portes pour les autres femmes. Vice-présidente de la métallurgie française en 1930, conseiller du commerce extérieur en 1935, elle a aussi été la première femme élue à la Chambre de commerce de Paris, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Deux ans plus tard, elle devient la première femme élue au comité directeur du Conseil national du patronat Français, l’ancêtre du Medef. C’est en 1950 que cette féministe revendiquée, qui a milité pour le droit de vote des femmes (accordé en 1945), donne une dimension européenne à son réseau, « en intégrant d’emblée l’Allemagne », rappelle Marie-Christine Oghly. Son slogan reste celui des générations qui lui ont succédé : « Seules nous sommes invisibles, ensemble, nous sommes invincibles. »
L’un des mantras de FCEM est en effet l’accompagnement de ses adhérentes dans leur parcours d’entrepreneuses, en particulier par le biais de programmes de mentorat, comme cela a été fait récemment à l’île Maurice. « Dans certains pays, FCEM aide les femmes à passer de l’économie informelle à l’économie formelle », souligne Marie-Christine Oghly. En janvier 2024, la branche française de FCE lancera un autre type d’action solidaire très innovante : « Le programme FCE Care permettra à une cheffe d’entreprise ayant un problème de santé de se faire remplacer à titre temporaire par une de ses paires », indique Anouk Déqué. Une initiative très attendue par des entrepreneuses dont la couverture santé n’est pas suffisante et qui, en cas de coup dur, manquent totalement de soutien, pour la plupart d’entre elles.
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