La lutte contre la violence basée sur le genre (VBG) émerge comme une priorité majeure pour les droits des femmes en Afrique, révèle le dernier profil panafricain d’Afrobarometer. Les chiffres issus de l’enquête menée dans 39 pays fournissent un aperçu des réalités complexes auxquelles sont confrontées les femmes africaines.
La fréquence de la VBG : Une réalité déconcertante
Dans une moyenne de 39 pays africains, près de quatre citoyens sur dix (38%) déclarent que la VBG est « assez courante » ou « très courante » dans leur communauté. Ces chiffres alarmants dépeignent une image inquiétante de la prévalence de la violence à l’égard des femmes, soulignant la nécessité urgente d’actions concrètes.
Perceptions et contradictions sur la violence domestique
Les résultats montrent un décalage significatif dans les perceptions de la violence domestique. Alors que la plupart des Africains condamnent fermement le recours à la force physique par les hommes pour discipliner leur femme (69%), seulement la moitié d’entre eux estiment que la violence domestique devrait être traitée comme une affaire pénale nécessitant l’intervention des forces de l’ordre.
Priorités et variations régionales
Les Africains identifient la VBG comme le problème le plus important lié aux droits des femmes, devant le manque de femmes aux postes de pouvoir (20%), les disparités éducatives (17%) et professionnelles (16%). Toutefois, ces priorités varient considérablement d’un pays à l’autre, avec des pourcentages allant de 5% en Mauritanie à 69% au Cabo Verde.
Inégalités Socio-Économiques : Un facteur déterminant
Les disparités socio-économiques jouent un rôle crucial dans la perception de la VBG. Les citoyens issus de milieux économiquement défavorisés sont plus enclins à déclarer la fréquence de la VBG dans leur communauté, soulignant le besoin d’approches ciblées pour éliminer ces inégalités.
Des divisions sur le traitement de la VBG
Les Africains sont divisés sur la manière de traiter la VBG, avec 50% soutenant son traitement en tant qu’affaire criminelle et 48% la considérant comme une affaire privée à résoudre au sein de la famille. Ces divisions soulignent la nécessité de débats sociaux et de réformes législatives pour aboutir à un consensus.
Perceptions Contradictoires sur la Police
Bien que la majorité des citoyens (81%) croient que la police prendra au sérieux les cas de VBG, plus de la moitié (52%) pensent que les victimes risquent d’être critiquées, harcelées ou humiliées par leur communauté en signalant ces crimes. Ces perceptions contradictoires mettent en évidence les défis complexes auxquels les victimes de VBG sont confrontées lorsqu’elles cherchent de l’aide.
Les résultats d’Afrobarometer dévoilent une réalité préoccupante mais nécessaire pour des actions concrètes. En tant que réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage, Afrobarometer joue un rôle essentiel en produisant des données fiables qui devraient guider les gouvernements, les organisations et la société civile vers des solutions significatives pour éradiquer la VBG en Afrique.
Mohamed Compaoré
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