Les P-DG les plus performants du monde. Forcément, cela intrigue. Et en même temps, vous vous dites sûrement : « Ah, un énième classement… » Eh bien non justement, car cette édition 2015 se distingue des précédentes par sa méthode d’évaluation. On reproche souvent aux dirigeants de ne pas avoir de vision à long terme – d’être obsédés par la réalisation d’objectifs à court terme susceptibles de gonfler leur rémunération. C’est pourquoi Harvard Business Review a ajusté son mode opératoire. Jusqu’alors ce classement s’appuyait exclusivement sur des chiffres bruts tirés du marché boursier. Désormais, au-delà des simples résultats financiers (« Rang financier » dans le tableau), il prend aussi en compte les performances de chaque entreprise en matière environnementale, sociale et de gouvernance (« Rang ESG »). Une façon de faire le tri entre les patrons mercenaires et ceux qui produisent des résultats tangibles sur la durée. Au total, 907 P-DG, de 46 nationalités, avaient été initialement sélectionnés. C’est en combinant ces deux dimensions, résultats financiers et ESG, prises en compte à hauteur de 80 % pour la première et de 20 % pour la seconde, que ce top 100 des P-DG les plus performants a été établi.
Première surprise, directement liée à cette nouvelle méthode de calcul, le numéro un 2014, Jeffrey Bezos, le patron d’Amazon, se retrouve, en raison d’un score ESG médiocre, en queue de classement… à la 87ème place. Détrôné par un quasi inconnu, Lars Rebien Sørensen, à la tête du géant pharmaceutique danois Novo Nordisk, auquel il est fidèle depuis 33 ans. « A long terme, les questions sociales et environnementales deviennent des questions financières », explique-t-il pour justifier son engagement dans ces deux domaines.
Seconde surprise, pour laquelle il est là plus difficile de déterminer si la méthode de calcul a eu un réel impact, il y a quasiment trois fois plus de Français qu’en 2014. Ils sont 11 alors qu’il y a un an, ils n’avaient été que quatre à avoir été sélectionnés : Franck Riboud, alors P-DG de Danone et auquel Emmanuel Faber a depuis succédé, Benoît Potier (Air Liquide) – toujours présent et qui a fait, en un an, un bond de la 61ème à la 15ème position -, Jean-Paul Clozel (Actelion) – qui a disparu du classement – et Jacques Aschenbroisch (Valeo) qui pointait en 2014 à la 94ème place et qui, cette fois, s’octroie la médaille de premier Français du classement, à la 14ème place.
A travers ces 11 Français, ce sont des secteurs très divers qui sont distingués : l’énergie, l’automobile, l’industrie, le luxe, les biens de consommation, la communication, les technologies de l’information, les services, la finance… Ce sont aussi, pour la majorité, de grandes entreprises ayant déjà derrière elles une belle longévité : Sodexo, Legrand, Bouygues, Renault, L’Oréal…
A l’ère du Big Data et de la transparence, les consommateurs et les investisseurs cherchent de plus en plus à comprendre la culture et les valeurs d’une entreprise. Ils veulent analyser son comportement au sein de la société, et non plus seulement sa cote en Bourse. C’est précisément l’ambition de ce classement.
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