L’économie sénégalaise enregistre un signal positif au premier semestre de l’année 2025, marqué par une nette réduction du déficit commercial. Selon les données officielles publiées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le déficit de la balance commerciale s’établit à 698,2 milliards de francs CFA à fin mai, contre 1 460,6 milliards de francs CFA sur la même période en 2024. Cette amélioration, chiffrée à plus de 762 milliards de francs CFA, reflète la vigueur retrouvée des exportations sénégalaises dans un contexte économique encore marqué par des tensions inflationnistes et des incertitudes géopolitiques mondiales.

Cette performance est principalement portée par une progression soutenue des exportations, qui ont bondi de 64,5 % en glissement annuel. Elles atteignent ainsi 2 325,7 milliards de francs CFA sur les cinq premiers mois de l’année, contre 1 413,8 milliards un an plus tôt. Ce dynamisme s’explique par la hausse marquée des ventes de plusieurs produits stratégiques à forte valeur ajoutée. Les exportations d’huiles brutes de pétrole se distinguent particulièrement, passant de 158,8 milliards à 712 milliards de francs CFA, soit une progression spectaculaire de 348 %.

Les produits pétroliers raffinés enregistrent également une croissance robuste (+40,3 %) pour s’établir à 356,9 milliards de francs CFA, tout comme l’or non monétaire (+44 %, à 302,8 milliards), les poissons frais (+4 %, à 93,6 milliards) et d’autres produits divers (+32 %, à 449,2 milliards). Ce redressement structurel des exportations témoigne d’un regain de compétitivité de l’économie sénégalaise, mais aussi de l’impact des investissements réalisés dans les filières extractives, énergétiques et halieutiques.

Sur le volet des importations, une hausse modérée de 5,2 % est observée, portant leur valeur à 3 023,8 milliards de francs CFA contre 2 874,5 milliards à la même période en 2024. Cette progression s’explique par l’augmentation des achats de certains biens essentiels et équipements stratégiques. Les importations d’autres matériels de transport ont notamment connu une hausse significative, atteignant 194,4 milliards de francs CFA contre seulement 14,2 milliards un an plus tôt. De même, les achats d’huiles brutes de pétrole, de riz, d’articles en tissus, ainsi que de fruits et légumes comestibles ont tous connu une croissance notable.

Toutefois, cette tendance haussière des importations a été partiellement compensée par des baisses ciblées dans plusieurs segments, notamment les autres produits pétroliers (599,6 milliards contre 653,8 milliards), les machines et appareils industriels (261,6 milliards contre 281,5 milliards), et certains biens de consommation non essentiels.

L’évolution globale de la balance commerciale traduit donc une dynamique de rééquilibrage portée par la performance des secteurs exportateurs. Elle reflète également les premiers effets des politiques industrielles et commerciales engagées par les autorités dans le cadre de la stratégie nationale de transformation structurelle de l’économie. Dans un contexte régional marqué par de fortes disparités, le cas du Sénégal illustre la capacité d’un pays à tirer profit de ses ressources, tout en maîtrisant ses besoins en importations pour maintenir une trajectoire soutenable.

Par Zaynab SANGARÈ