Développer ses compétences, s’épanouir sur tous les plans, s’adapter au marché du travail : la formation continue est un facteur clé de succès, pour les individus comme pour les entreprises.

Les individus sont naturellement motivés par des objectifs, les relations sociales et l’apprentissage. La formation continue répond à tous ces besoins ; ce qui la rend essentielle à l’épanouissement personnel, dans toutes les sphères de la vie, y compris la carrière.

L’espoir comme moteur de performance

S’engager dans une formation continue, c’est se projeter vers un avenir meilleur, en partant de sa situation actuelle et en se fixant des objectifs stimulants que l’on estime réalisables. En psychologie, on appelle cela de l’espoir. S’engager dans une formation continue, c’est donc miser sur soi, sur sa capacité à s’adapter et à évoluer. Et c’est un pari gagnant, car l’espoir est un facteur de performance au travail.

Une méta-analyse de 45 études portant sur un échantillon de 11 139 employés a ainsi montré que l’espoir est significativement et positivement lié à la performance au travail, à la satisfaction professionnelle, à l’engagement dans l’entreprise, ainsi qu’à la santé et au bien-être au travail (« Having the will and finding the way : A review and meta-analysis of hope at work », de Rebecca Reichard, James B. Avey, Shane Lopez et Maren Dollwet, The Journal of Positive Psychology, 2013).

La formation continue est aussi une démarche qui suppose que chacun, quel que soit son niveau de compétences, estime pouvoir progresser en y consacrant du temps et des efforts (« Mindset: The New Psychology of Success », de Carol S. Dweck, Random House, 2006). En psychologie, on appelle cela une mentalité de croissance. C’est une caractéristique essentielle pour réussir et persévérer face aux échecs. Par conséquent, s’engager dans la formation continue, c’est affirmer sa volonté de se dépasser et de s’épanouir, quel que soit son niveau de départ.

Une enquête menée auprès de 40 000 personnes en provenance de 28 états européens, révèle ainsi que 96% d’entre eux considèrent l’apprentissage tout au long de la vie comme important. Cette importance est motivée par le désir d’améliorer ses compétences professionnelles (64 %) et son développement personnel (66 %) (« Perceptions on adult learning and continuing vocational education and training in Europe: Second opinion survey – Member States », Cedefop, 2020). En effet, s’engager dans une formation continue, c’est également prendre soin de sa santé cognitive et psychique (« Motivating Self and Others: Thriving with Social Purpose, Life Meaning, and the Pursuit of Core Personal Goals », de Martin E. Ford et Peyton R. Smith, Cambridge University Press, 2020).

Le cerveau, comme un muscle, est plastique et peut se remodeler en fonction de l’utilisation que l’on en fait. Plus on le sollicite, plus il se développe et se densifie, c’est-à-dire que les connexions entre ses neurones se renforcent (M. H. Immordino-Yang, « Emotions, learning, and the brain: Exploring the educational implications of affective neuroscience », W. W. Norton, 2016). Métaphoriquement parlant, cela revient à parier, tout comme le ferait un jardinier, que les graines semées dans notre esprit prendront racine, grandiront et finiront par porter des fruits sur le long terme, fruits dont nous ne pouvons encore imaginer la saveur.

La majeure partie de notre apprentissage s’effectue de manière inconsciente. Ainsi, tout au long de notre vie, nous apprenons, à la fois dans le cadre de formations formelles (diplômes) et informelles (familiales, sociales, professionnelles). Or, le fait même de s’engager dans une formation continue favorise l’apprentissage informel (« Hope and Academic Success in College », de C. R. Snyder, H. S. Shorey, J. Cheavens, K. M. Pulvers, V. H. Adams II et C. Wiklund, Journal of Educational Psychology, 2002).

Ainsi, l’individu étendra son apprentissage bien au-delà des connaissances explicitement enseignées, grâce à l’échange avec de nouvelles personnes, incluant formateurs et autres apprenants. Il développera la capacité de concilier cette nouvelle activité avec un emploi du temps souvent déjà bien rempli, fera preuve d’une grande persévérance et élaborera des méthodes efficaces pour mémoriser et mettre en pratique les enseignements reçus. Ces compétences transversales, qui s’appliquent dans de nombreux domaines professionnels, sont très précieuses.

Par ailleurs, ces rencontres sont autant de tremplins potentiels pour assurer le développement de son réseau professionnel et partant, sa capacité à trouver des postes qui correspondent à ses attentes. L’entretien des liens qui peuvent s’établir avec les autres participants lors de formations continue peut, par ailleurs, favoriser l’identification de nouvelles opportunités professionnelles (« L’importance du réseau social dans le développement d’une carrière », de Stéphane Bonzon, ISFB Insight, 2024).

Cultiver l’apprentissage au quotidien

Les apprentissages informels jouent un rôle clé dans la formation continue formelle. Cette leçon est importante pour les employeurs, qui doivent aller au-delà des formations « hors sol », « académisantes » et « certifiantes ». Le travail quotidien est une occasion de cultiver et de développer les compétences des collaborateurs. Leur confier de nouvelles responsabilités, légèrement au-delà de leurs compétences actuelles, est une manière très efficace (voire la plus efficace) de stimuler leur désir d’apprendre et de se développer.

Pour ce faire, la mise en place de programmes de mentorat, avec le soutien d’une institution extérieure par exemple, ou l’encouragement du mentorat informel au sein de l’institution, peuvent être des outils particulièrement efficaces. En effet, les résultats des études scientifiques montrent que ces pratiques ont de nombreux impacts positifs sur la satisfaction et la gestion du stress professionnel des mentees, ainsi que sur leurs opportunités d’évolution et de promotion professionnelles (« The effectiveness of mentoring programs in corporate settings : A meta-analytical review of litterature », de Christina M. Underhill, Journal of Vocational Behavior, 2006).

À noter que la formation continue n’est pas qu’un investissement pour l’avenir. S’y engager est aussi l’occasion de se réconcilier avec son passé. Elle permet en effet de valoriser les choix de vie et de formation qui ont été faits, en les replaçant dans leur contexte et en les reconnaissant comme des étapes sur un chemin qui peut encore évoluer (plutôt que comme des choix qui déterminent à jamais notre trajectoire professionnelle).

En outre, la formation continue fait face à un défi majeur dans notre époque actuelle : celui de la diversité des offres disponibles. Il est difficile pour les individus de s’y retrouver et d’identifier la formation et la modalité qui répondent à leurs besoins et à ceux de leur entreprise. Dans ce cadre, il est judicieux de faire appel à des spécialistes de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière. Ces spécialistes permettront de clarifier les objectifs poursuivis et de mettre en place des moyens pour les atteindre (« L’orientation professionnelle, universitaire et de carrière (OPUC) », d’Andreas Hirschi, SEFRI, 2018). Il s’agit enfin se lancer dans une stratégie de networking professionnelle réfléchie, afin de créer des relations durables avec les différents acteurs de son milieu professionnel.

Par Shékina Rochat,Mathias Baitan