L’édition inaugurale du sommet SuperBridge s’est tenue du 16 au 20 octobre 2023 au Musée du Futur de Dubaï, coïncidant avec la 43e édition de GITEX Global, nouvel épicentre mondial de la technologie. Un partenariat inédit qui a pour objectif de promouvoir l’innovation et l’investissement dans les économies mondiales émergentes.

« Les Émirats arabes unis offrent l’économie dont chaque investisseur a besoin pour prospérer »

Abdullah Bin Touq Al Marri, ministre de l’Économie des Émirats arabes unis

L’économie mondiale est à l’aube de transformations majeures, et de nouvelles économies contribuent à remodeler ce paysage avec des niveaux de croissance sans précédent. D’ici 2050, six pays non membres du G7 devraient dominer le marché mondial. Un constat sur lequel s’appuie cette plateforme pluridisciplinaire pour dresser une feuille de route d’investissement international, avec pour objectif d’accélérer l’innovation entrepreneuriale au sein des gouvernements et des entreprises. Le sommet dubaïote, premier en son genre, ambitionne d’être le pont « qui relie les économies à la croissance la plus rapide du monde, à travers les industries et la culture », a expliqué en prélude Shane Tedjarati, cofondateur de SuperBridge Council et président de VS Partners. Pour établir ces liens d’affaires entre le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie, Dubaï a mis en avant son leadership transformationnel. « Les Émirats arabes unis offrent l’économie dont chaque investisseur a besoin pour prospérer », a ainsi déclaré le ministre de l’Économie des Émirats arabes unis, Abdullah Bin Touq Al Marri, dans son discours d’ouverture. Ajoutant que le pays « a enregistré plus de 270 000 nouvelles entreprises au cours de l’année 2023 », ce qui représente « une augmentation de plus de 43 % par rapport à l’année précédente ». Ce grand rassemblement intervient alors que les Émirats arabes unis développent un agenda économique audacieux (D33), via des collaborations avancées et des partenariats stratégiques durables. Objectif : doubler la taille de l’économie de l’émirat à 32 000 milliards de dirhams émiratis (plus de 8 000 milliards d’euros) au cours de la prochaine décennie.

Accélérer les partenariats d’investissements sur les marchés non exploités

C’est au Musée du Futur, lieu emblématique de l’innovation situé dans le quartier financier de Dubaï, que le SuperBridge a réuni plus de 500 chefs d’entreprise, membres de gouvernements, représentants culturels et investisseurs en provenance de 20 pays du monde. À ces dirigeants de première ligne, il a été donné d’explorer les opportunités d’investissement et de co-création sur les marchés asiatiques et africains jusqu’alors inexploités, ainsi que d’échanger lors de tables rondes sur le potentiel de l’intelligence artificielle en termes de croissance et d’investissement privé. Vanessa Xu, directrice des investissements chez VS Partners, et cofondatrice de SuperBridge Council, a souligné qu’ « à une époque de bouleversement des paradigmes, le succès des investissements nécessite avant tout une analyse objective et sans parti pris ».

Changer les perceptions sur l’Afrique pour attirer les investisseurs  

Lors d’une table ronde intitulée « L’importance des partenariats public-privé pour stimuler la croissance dans les pays à la croissance économique la plus rapide », les participants ont affirmé que le potentiel abondant dont dispose l’Afrique doit être exploité pour faire face à la crise économique mondiale en cours. Seulement, « le marché africain est confronté à un sérieux défi en matière d’infrastructures. Les investisseurs et les dirigeants du secteur privé doivent mobiliser les investissements pour relever ce défi qui entrave la capacité des économies africaines à atteindre les objectifs de développement durable et fait obstacle à davantage de rendements », a déclaré le ministre pakistanais des Technologies et I&T, Umar Saif. Cependant la ministre marocaine a tenu à rappeler lors de ce sommet : « C’est notre responsabilité à nous [Africains] de raconter l’histoire de l’Afrique différemment, loin des clichés traditionnels. Nous sommes aujourd’hui un continent innovant. Beaucoup d’investisseurs sont ébahis par le niveau de compétences, quand ils viennent pour la première fois au Maroc. Huit mille professionnels par an sont formés au digital et IT, et l’année dernière, nous avons accueilli 32 000 visiteurs de 120 pays au Gitex Africa. »

l’IA pour stimuler l’investissement privé en Afrique 

« Au Bénin nous avons la vision de mettre sur pieds une économie numérique qui sert toute la région. Notre stratégie en matière d’IA tourne autour de quatre pôles. Nous voulons bâtir des solutions qui soient orientées pratiques, une intelligence artificielle fondée sur nos besoins qui pourra résoudre nos problèmes liés à la santé et à la logistique… »

Aurélie Adam Soulié, ministre du numérique et de la digitalisation du Bénin

La ministre du numérique et de la digitalisation du Bénin, Aurélie Adam Soulié, présente lors du panel des leaders africains sur la connectivité et la mobilité des villes du futur, a quant à elle présenté la stratégie béninoise en termes d’intelligence artificielle, et appelé les investisseurs à affluer massivement. En effet, ce pays entend être, à l’horizon 2027, une nation qui rayonne par la valorisation de ses données massives via l’intelligence artificielle. « Au Bénin nous avons la vision de mettre sur pieds une économie numérique qui sert toute la région. Notre stratégie en matière d’IA tourne autour de quatre pôles. Nous voulons bâtir des solutions qui soient orientées pratiques, une intelligence artificielle fondée sur nos besoins qui pourra résoudre nos problèmes liés à la santé et à la logistique. Le deuxième pôle est celui de la formation : nous pensons qu’en formant la jeunesse à l’avant-garde de ces métiers, nous pouvons être une porte d’entrée pour les autres pays africains. Le troisième volet concerne la coopération : nous avons besoin de l’expertise d’autres pays et de rester en veille pour la recherche. Enfin, la gouvernance des données : nous sommes en Afrique l’un des pays qui a le plus réussi la dématérialisation. Au Bénin, les investisseurs peuvent faire toutes les formalités en ligne depuis leur pays d’origine, avec plus de 200 services publics en ligne ». Et pour stimuler l’investissement national et étranger dans le secteur de l’intelligence artificielle, le Bénin entend mener des politiques « d’incitation fiscale, de développement d’une main-d’œuvre qualifiée et enfin un plan touristique fondé sur l’art et le tourisme mémoriel atour de la traite négrière et l’esclavage. »

Un rendez-vous incontournable pour les startups et entreprises innovantes

6 000 exposants, 180 000 cadres technologiques en provenance de 180 pays, réunis au Dubaï World Trade Center durant ces cinq jours : tel est l’engouement suscité par la 43e édition de GITEX Global, Initiative pionnière de KAOUN International, une filiale du Dubaï World Trade Center (DWTC), et du SuperBridge Council. Dans cet univers numérique géant, des jeunes pousses comme Renew Tech, start-up franco-sénégalaise qui vise à démocratiser l’hydrogène à l’échelle internationale, se sont déplacées pour faire du networking et pitcher devant les investisseurs : « Notre objectif au Gitex est de nouer des partenariats stratégiques financiers, industriels et faire du business », note Laurent Mendy, dont la start-up vient de lever 2,5 millions d’euros. Pour des ONG comme celle de Mustapha Zaouini (AI in Africa) qui initie les jeunes sud-africains au concept de l’intelligence artificielle, « le GITEX est un écosystème auquel nous voulons appartenir pour attirer l’attention sur le fait qu’il faut mettre de l’humain et de l’empathie à l’intérieur de la boîte de l’IA ». Une volonté qui correspond parfaitement au slogan de cette rencontre, « The Year to Imagine AI in Everything » : L’année pour imaginer l’Intelligence artificielle en toute chose.